dimanche 22 mai 2011

Les esquimaux en été...




Je me libérais des draps roses parfumées de lavande, je rejoignais par le couloir aux volets clos la petite cuisine familiale. Je m'attablais en silence, la paupière encore gonflée de cette sieste estivale, la nuque humidifiée à la chaleur de mon oreiller et la joue creusée de plis.

J'attendais silencieuse et immobile ma récompense.

Mon trophée glacé, mon esquimau si convoité...

Savoureuse compensation pour ma collaboration à m'éteindre deux heures durant chaque après midi, sans opposer la moindre résistance, sans un souffle de mécontentement, sans le moindre signe d'agacement.

Je lui offrais en échange, du bâtonné croquant, ce moment de liberté.
Deux petites heures où elle se libérait de mes demandes enfantines, de mes exigences puériles, deux heures où elle dégageait ses jupons de la dépendante présence de mes quatre ans. 

Je ne savais pas ce qu'elle faisait de ce temps, tantôt je l'entendais rire, tantôt chuchoter, souvent fermer la porte d'entrée, et me laisser à la surveillance de Morphée.

J'apprivoisais à ma façon le soleil et le temps.
Je m'allongeais lorsque les persiennes laissaient la lumière frapper le marbre de mon chevet. J'attendais que glisse l'aiguille lumineuse, il était enfin l'heure dès que la clé de l'armoire brillait.

Guidée par ma seule gourmandise, je reprenais ma vie mise deux heures en suspens, et la recommençais chaque jour à cet instant là : Elle avait un gout... chocolat !








6 commentaires:

  1. Cette récompense était déjà un moment de retraite. On ne sait qui de la mère ou de l'enfant en récoltait les meilleurs fruits ! Contente de ce retour dans le temps qui nous ramène ton présent !

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  2. Bienheureuse de ton retour ! Quoi de plus délicieux pour commencer que cette douceur ?

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  3. Ces siestes obligatoires, interminables, et leur arrière fond si longtemps ignoré.

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  4. on est loin de l'éloge de la sieste...mais en retrouvant ta plume, on retrouve ton habileté à glisser entre les différents point de vue articulés autour de la gourmandise.

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  5. quelle délicatesse dans l'évocation ! pour moi, la sieste a toujours été un plaisir je crois. Je l’appréciais, je m'en délecte toujours, autant que les esquimaux et le chocolat ;-))

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  6. Ha, mais vous revoilà ! Vais donc remettre votre lien suis bien contente... on s'habitue aux friandises :)

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Des battements d'ailes de vous à moi ...

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