vendredi 6 mai 2011

La rédaction ...



Vendredi, c'était le jour de la rédaction.

Je détestais ça.

Au moins le mardi je rentrais avec ma bulle en dictée, mais j'avais fait quelque chose, trop de fautes certes... Mais c'était déjà quelque chose.

Madame Poireau, elle avait toujours de ces idées pour les rédactions !

Comment j'allais m'en sortir cette fois-ci ?

Je fixais ma feuille de cahier jusqu'à ce que les lignes vides s'emmêlent, s'entrechoquent et se troublent. Je mâchouillais mon crayon de bois à l'en décaper, à en avoir les lèvres constellées d'éclats de vernis verts.

Comment pourrais-je commencer un devoir sur : « Votre père et vous. » ?

Elle le faisait vraiment exprès cette vieille chouette à lunettes !

Je pouvais en écrire des tas de choses sur plein de sujets, j'en avais des tonnes de bonnes histoires !

Pourquoi elle ne demandait jamais rien sur les animaux ?
Du style : « Vous et votre animal... »

J'aurais pu parler de poissons, de mes  Jojo successifs, les stupides globuleux rouges, qui tournaient en rond toute la journée. Jojo n°1 l'infatigable nageur, qui ondulait crânement sa nageoire en tsar du bocal alors qu'il trainait de longues heures durant sa saucisse de crottes grises aux fesses avant d'arriver à s'en détacher.
Je pouvais raconter comment Jojo n°3 avait gonflé comme une baudruche à en avoir les écailles en piquants, une vraie râpe à fromage pedigree goldfish !

J'en connaissais, moi, du sensationnel, du merveilleux...J'en aurais trouvé des jolis mots pour faire durer le suspense... Si au moins, on m'avait demandé de rédiger sur mes Jojo !

Ou alors un sujet sur « Vous et votre oncle. », ça, au moins j’en avais un !
Tonton Greg c'était le meilleur des meilleurs. Il me racontait des histoires de grenouilles qui pouvaient fumer à s'en faire éclater. Des histoires de suppositoires qu'il me suffisait de rouler dans de la poussière de craies, et déposés incognito prés du tableau noir pour qu'immanquablement le prof se mette à écrire avec...
Enfin, tout un panel de fabuleuses histoires à mettre dans une rédac...!

Là, je devais me mettre à inventer ...

J'allais encore passer pour l'idiot qui en faisait trop. Mais je préférais ça.

Il valait mieux être un idiot, qu'un handicapé amputé du père(...)





9 commentaires:

  1. Lors du déménagement tous vos mots ont disparu, se sont envolés, évaporés pendant le trajet.... Je vous demande de me pardonner cette vilaine erreur de manipulation. Mille pensées vers vous.

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  2. c'était ma matière préférée. le français. écrire, inventer, conjuguer. j'adorais.
    certes en rédaction mon style était naïf (je me suis relu :))) ) et a progressé au fil du temps mais vraiment quel pied de pouvoir dire ses mots!!
    tu aurais dû me dire. j'aurai fait le devoir à ta place. mais chuttt...

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  3. Rédaction, c'est là que j'avais mes meilleurs notes, une imagination à faire pâlir les Frères Grimm :)
    Chaque semaine, je faisais des échanges, la rédac contre un devoir de math de la meilleure de la classe et les profs ne se sont aperçus de quoi que ce soit :)
    Je t'imagine petite fille, le crayon entre les dents et les yeux rivés sur le plafond, c'est pour ça que je ne te crois pas !

    Cat stevens, doux souvenir de mes jeunes années, j'étais jalouse de Muriel Catala, tu sais la fille au grand chapeaux, sa Lady D'Arbanville :)

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  4. Ah ces chouettes à lunettes!
    sourire, sourire!
    heureusement il y a le caractère enfantin drôle qui se joue des chouettes.

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  5. Je ne sais plus où je suis. J'ai ouvert une fenêtre au commentaire depuis "rédaction" ou "bonne et heureuse année".
    Alors bentantpis, ma première rédaction à l'âme des mots sera pour te souhaiter de réaliser tout ce que tu pourras et voudras espérer chaque jour qui viendra, et chaque nuit, en prime, aussi, ben oui, pourquoi pas...
    A bientôt

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  6. J'étais fan de rédaction.

    Je romançais avec presque rien, habitué que j'étais du presque rien.

    Cela m'a joué des tours au concours, où je me suis un peu trop lâché (je me souviens d'un 3/20 qui m'a plombé une admissibilité malgré un 17 en physique, j'étais furax.

    Amputé du père ? je veux croire que c'est moins atroce qu'amputé de la mère car j'abandonne mes enfants à leur mère.

    J'aime bien la chanson de Cat Stevens que je découvre. Cela serait censuré de nos jours, à cause de la pipe du papy qui fait l'apologie de la fumerie. Et puis c'était un beau mec, cool.

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  7. Peux-tu prendre note de ma nouvelle adresse :
    http://lalitoutsimplement.com
    pour modifier ton lien?
    Merci et au plaisir de t'y retrouver!

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  8. comme quoi, il ne suffit pas d'inventer, il faut l'émotion.

    Superbe texte que je retrouve avec plaisir, les déménagements ça a du bon !!

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  9. Le goût du crayon de bois HB vert dans la bouche, ça j'm'en souviens...
    (A titre d'info, il y a un film jeudi "sur la route de madison")

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Des battements d'ailes de vous à moi ...

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