mardi 26 avril 2011

Jour escargot ...



Pas envie de se lever
Pas envie de nous voir
Un jour escargot
Elle en bave et se traine
Elle rentre dans sa coquille,
S'enferme à double tour et fait semblant de ne pas y être
Elle ne sortira pas une antenne
Se sert un Bourgogne
Veut oublier
Un mufle en tête et des cornes.
Elle doit digérer ses salades
Son monde aujourd'hui est petit et gris...






vendredi 22 avril 2011

Soupirs...



Pas envie de raconter quoi que ce soit aujourd'hui...

Mais c'est pas vrai, t'es encore là ?

Je ne dirai rien ...
  
Suis pas en forme veux rester seule...


Toujours pas parti ?

Bon puisque t'es là...

Je peux me serrer contre toi ?



Longue rouge paquet souple ...


Un écran de fumée troublait souvent ses traits.
Brouillard toxique où elle se dissimulait.
Camouflant ainsi l'iris verte qui la trahissait
si avec trop d'insistance vous la regardiez.
Pas de grandes effusions, pas de mots tendres, pas de gestes doux...
C'était elle, un verre à la main, une "clope au bec" un point c'est tout !
Chez elle, nul besoin de parler, de justifier ou d'expliquer...
Elle respectait les silences, les écoutait, les comprenait...
Si vos larmes venaient à couler,
elle n'était pas de celle qui vous épongeait...
Les sentiments elle n'en parlait jamais.
Pourtant à l'Amour elle donnait tout son sens.
Et quant son regard sur vous se posait,
vous aviez l'indestructible certitude d'être unique et infiniment aimée.











mercredi 20 avril 2011

Les mercredis ...


Le mercredi c'était le jour de Papi.

Après le repas de midi on attendait qu'apparaisse l'Escort sur le chemin.

Cette vieille Fort Escort, c'était tout lui.

Elle sentait Papi.
Elle était sans gadget ni artifice, solide et simple.
Elle cachait chaque semaine un trésor nouveau, qu'il y avait déposé pour nous. Un paquet de "Pétito" au chocolat, des "Batna" léopard, des"Regal'ad" aux fruits, des "Stoptou", des "Mi-cho-co"...
Aujourd'hui encore, tous ces noms résonnent en moi, comme la joie des mercredis.

C'était un des plaisirs simples de sa vie.
Venir nous apporter des friandises interdites, que nous devions dévorer en cachette.
Ses yeux en pétillaient de malice à l'idée de nous régaler, et d'être notre complice.
Les jours où il n'avait pas pu nous dégoter une sucrerie, Papi glissait dans nos petites mains une énorme pièce de cinq francs, qui remplissait nos paumes comme nos sourires emplissaient son coeur.

Grâce à lui, j'ai toujours adoré les mercredis...














lundi 18 avril 2011

Le refrain de sa vie...


Cette petite phrase revenait sans cesse, comme le refrain de son existence.

L'adage de son être, pour se résumer, pour se convaincre, pour me convaincre.

Elle me l'accommodait à toutes les situations, en faisait la conclusion à toutes mes questions.

Je finissais par les prononcer mentalement avant de les entendre, avant qu'elle ne les soupire en un souffle monocorde, ses sept syllabes.

C'était son petit tic verbal à elle, sa  bouée de mots dans le vide océan de sa vie.

Son " On était pas malheureux ..."

Je lui demandais de me raconter la guerre, la privation, de me parler de l'amoureux qu'on lui avait choisi, de ses journées au rythme du soleil, des vendanges et du potager, de cette vieille calèche dans le fond de la grange, de ce vase en éclat d'obus sur le buffet...
Avec des mots simples, elle mettait fin à la discussion.

"Tu sais la guerre, je ne me souviens pas bien , et puis, ici à la ferme on ne manquait de rien. On était pas malheureux..."
" Tu sais ton arrière grand-père Albert c'était un gentil garçon, il avait été gazé dans les tranchées, bon travailleur, avec lui je n'ai manqué de rien. On était pas malheureux..."
"Le travail de la terre c'est dur, on peut en être fier, on devient pas riche, mais au moins on meurt pas de faim, et puis, on avait pas besoin de grand chose. Tu sais ......on était pas malheureux."

Avec le temps, sillonnant ma propre route, à la lumière de mes désirs, de mes espoirs, à la douleur des mes renoncements, de mes échecs, cette petite voix de mon passé, ce petit refrain revenait résonnant, me hantant.
Je m'en voulais de mes insatisfactions de ma quête de bonheur.

Au jour dernier, assise sur le bord de son lit, à quelques battements du noir, je comprenais enfin.

Nous la savions toutes les deux sur le départ, elle a demandé si j'étais heureuse.
En une exclamation je lui ai dit :" Oh, Oui !" il me semblait que je le lui devait bien ce "Oui" sans appel fier et assuré.

Elle m'a regardé longuement,  puis,  très calmement sur un ton que je ne lui connaissais pas avec une tendresse mêlée de regrets résignés, elle a murmuré :

" Ça c'est bien. Ça me fait plaisir.
Être pas malheureux, tu sais,
ça ne remplit pas une vie,  mais ça m'a suffit."







dimanche 17 avril 2011

Ce chemin ...


Ce long et sinueux chemin,
La facilité criait de ne point l'emprunter
L'Amour tapait
Au cœur d'essayer
La raison murmurait 
De se méfier
La joie de toutes ces questions se riait
La peur aux jambes flageolait...
Et dix ans après
S'il fallait recommencer
Ils délaisseraient
Leurs ciels opposés
  Se trouveraient
Une piste ombragée
Et aux étoiles une fois encore promettraient
De s'aimer aussi longtemps qu'ils le pourraient






samedi 16 avril 2011

Mes talons hauts...

Photo by Helmut Newton





Je n'arrive plus à porter mes talons hauts.
Avec eux, j'ai mal au dos, mal aux pieds, j'ai le déhanché d'une caricature de Lucky Lucke sur talons aiguilles.
Par réflexe, j'incrimine ces magnifiques escarpins hors de prix.
Je les répudie l'orteil vengeur, les condamne à l'isolement au fond d'une boite, les déchois au rang de "godasses"...
Je me sens mieux maintenant que j'ai trouvé un coupable.
Je remets un peu d'anti-âge sur mon visage, change de chaussures.
Je peux continuer à ignorer le temps qui passe,  m'efface et me retrace...










jeudi 14 avril 2011

Cartons...

Les cartons s'empilent...
Trier,  emballer, référencer,
Se séparer encore d'une ou deux années,
De chemisiers bien trop serrés,
De bibelots peu usés...
Je regarde cette pièce
Mais par où commencer.
Me suis même pas encore faite à l'idée...
Même pas encore à cette maison habituée,
Et il me faut à nouveau en changer ! 
J'enfonce mes poings aux poches
Refuse de démarrer, m'accroche
J'envie un instant l'immobilité...
Je veux une terre où planter mes pieds,
Un lieu à qui j'appartiendrai.
Je veux être de quelque part
Plus en attente d'un prochain départ
Je veux de vieux amis
Avec qui ressasser des années de vie
Sentir une fleur,  tailler une haie
Que j'aurais il y a longtemps plantée
Laisser mes pas fouler un chemin
Où mes enfants courraient gamins
Me souvenir de leurs joies
Au bord d'un ru, dans un petit bois
Je veux un grenier poussiéreux
Emplit des trésors jaunis
Des jours heureux
Je veux au soir dernier
Aux yeux  de  la mélancolie
Et j'aimerais finir en paix
Dans un lieu enfin devenu familier.















mardi 12 avril 2011

ἀγορά...







 

Elle n'arrive pas à faire grandir son monde.
Elle a trop peur
Trop mal
Elle doute
Recule et se fige
Reprend son élan
Ferme les yeux fort
Très fort
Expire profondément
Se jette en avant
Et déjà le regrette
Se colle à la porte
Envie la transparence
Bloque ses sens
S'enferme à l'intérieur de ce corps
Qu'elle aimerait toujours plus petit
Ce monde la dévore...

dimanche 10 avril 2011

Ta tasse...




J'ai pas rangé ta tasse...
Ça décore pas
C'est juste là
Comme une illusion
Sur la table du salon
Je sais bien que t'y es pas
Je ne sais pas pourquoi
Je ne l'enlève pas
Je ne sais pas où la mettre
Je ne veux pas jeter
Suis pas du genre furieuse
Et tout casser
Pas le style à regretter
Et y boire mon café
Pas envie de pleurer
Rien qu'à la regarder
Je ne vis pas dans le passé
mais...

Je vais y mettre un bouquet de pensées...

lundi 4 avril 2011

Musique sacrée ...

Lee Miller

Tu étais la nef
moi, le transept
unis en un chœur
c'était beau
les bas reliefs
pour les adeptes
des temps bâtisseurs
J'ai tenté de suivre  
tes adagios
mais ne peux vivre
à ce tempo
j'ai ajouté
des pulsations
tu refusais 
les variations
point d'orgue
sur notre partition
tu décides
tempo primo
depuis l'abside
je m'oppose
prestissimo
suis en overdose
de fiascos
aurais pu me résigner
pour un moderato
mais  fini le duo
avec Octavio
 retour illico
à mon solo allegro ...


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