mardi 19 décembre 2023

Dans les rues de Beyrouth

 


Sous le ciel chaud de Beyrouth, une ville bouillonnante, vivent des enfants oubliés. Un petit garçon syrien aux yeux remplis de rêves brisés avait traversé des temps difficiles, des jours sombres qui l'avaient conduit à errer seul dans les rues de la capitale libanaise parmi tant d'autres comme lui.

Les souvenirs d'une vie autrefois paisible en Syrie se mélangeaient dans l'esprit du garçonnet avec le bruit des explosions et le chaos. Sa famille avait été dispersée par la guerre, et il se retrouvait désormais à chercher refuge dans les ruelles mal odorantes de Beyrouth.

Un jour, alors qu'il observait les grosses voitures luxueuses passées dans l'indifférence de ses pieds nus et de ses habits éculés, une femme aux yeux aimants s'approcha de lui. Une jeune bénévole dévouée qui travaillait pour une organisation humanitaire. Elle offrit à l'enfant un sourire doux et une main tendue.

"Viens avec moi, Habibi joli. Nous avons de la nourriture et des vêtements pour toi," dit-elle, lui offrant enfin un peu de lumière...

Il la suivit vers un centre d'accueil, un lieu de refuge pour les enfants comme lui, cherchant un abri et un peu de normalité dans leur monde devenu chaotique. Là, il rencontra d'autres enfants, partageant des histoires et des sourires, trouvant un peu de lumière dans l'obscurité qui les avait enveloppés.

Au fil des jours, il retrouva un semblant de routine. Il recommençait à dormir la nuit et à rêver..

A Beyrouth, comme lui, ils sont très nombreux, tout petits, seuls et vides, à chercher un nouveau départ, une chance de reconstruire leurs vies en morceaux. Ils savent que rien n'est gagné, que rien n'est certain, ils cherchent une place dans ce monde, et tentent de croire les promesses futures que la guerre, Bachar et ce monde de fous leur a volées.

lundi 18 décembre 2023

Et si Sénèque avait raison ...

 



Dans l'effervescence d'une soirée pluvieuse, elle errait sans but dans les rues humides d'une ville inconnue. Les réverbères projetaient des reflets scintillants sur les pavés mouillés, et le murmure de la pluie enveloppait la cité d'une mélodie apaisante.

Au détour d'une rue étroite, elle leva les yeux et croisa le regard intense d'un étranger. Il était là, sous le auvent d'une petite librairie, semblant attendre que la pluie se calme. Leurs yeux se rencontrèrent dans un éclat de compréhension silencieuse, comme si le monde entier s'était soudainement apaisé.

Timidement, elle s'approcha, se réfugiant à l'abri à ses côtés, partageant ainsi ce lieu sec. Un sourire échangé, sans mots, comme si le langage de l'âme suffisait à créer une connexion. Ils restèrent là, deux étrangers partageant un moment suspendu dans le temps.

Le silence entre eux était empreint du mystère de l'intrigue naissante que seul le destin aurait pu dévoiler. La pluie cessait peu à peu, mais ni l'un ni l'autre ne paraissait pressé de rompre le charme de cet instant fugace.

Le mystérieux inconnu lui tendit un livre qu'il tenait entre ses mains. "C'est un de mes favoris. Peut-être que vous l'apprécierez aussi," dit-il, la voix douce comme une caresse.

Le livre passa de ses mains aux siennes, établissant un lien tacite entre deux âmes vagabondes. Ils s'échangèrent des sourires complices, comme s'ils partageaient un secret précieux dans ce coin tranquille de la ville.

Finalement, la pluie se transforma en une bruine légère, et le moment de partir arriva. Les deux étrangers se dirent au revoir sans échanger de noms, mais avec la certitude que cette rencontre fortuite laisserait une empreinte indélébile dans le livre de leurs vies.

Elle rentra chez elle avec le livre entre ses mains, contemplant la couverture avec curiosité. Elle réalisa que parfois, les rencontres les plus significatives sont celles qui se produisent sans avertissement, transformant une nuit pluvieuse en une aventure mystique où deux âmes se croisent, s'influencent et se séparent et la certitude que le destin aime tisser des liens entre des êtres égarés.

C'etait peut être ça, apprendre à laisser son coeur danser sous la pluie!.

jeudi 7 décembre 2023

Encore un peu de route à faire ...



Vous savez, docteur, il m'a fait jurer de ne jamais le laisser comme ça.
Il a tenu jusqu'à maintenant parce que je l'ai supplié d'essayer, je l'ai supplié de croire et tenir encore un peu pour moi…

Lorsqu'il parlait encore, il disait :
"Dieu ne peut être partout, on doit l'aider parfois, tu l'aideras dis-moi ?"

Il disait aussi : " Nous sommes des corps, des cœurs, mais nous sommes avant tout des cerveaux, des pensées... Dis-moi, mon Amour, lorsque mon corps m'enfermera dans une souffrance sans fin, où mon seul salut résidera dans cette attente que la mort me prenne, dans ce coma artificiel où la drogue me plongera… Dis-moi, mon amour, que tu trouveras la force de finir là notre histoire... Promets-moi de ne pas tenir obstinément ce fil qui ne demande qu'à rompre... 

Dis-leur, toi, que nous ne possédons rien vraiment, si ce n'est notre vie, et donne-leur cette lettre le moment venu."


Messieurs, 
J'ai lutté, tant que j'ai pu, me suis accroché à tous les espoirs à ma portée. 
Ai prié les dieux, les hommes, la science, le diable même parfois je l'avoue... Mais je suis fatigué de cette bataille pour la vie, de ce combat perdu d'avance à la naissance. Le jour où vous lirez ces mots, je ne serai plus rien qu'un trépas dans l'attente. Cette vie m'appartient, et je n'y suis plus attaché.
Je crois que je dois ajouter que je suis sain, non de corps bien sûr, mais d'esprit. Esprit, prisonnier de cette geôle putride qui fut corps, libéré à chaque fois que la dose de morphine n'arrive pas à temps...

           Je gémis malgré moi en vous écrivant, preuve que d'ici peu, vous m'endormirez à nouveau et                           que je ne pourrai plus, longtemps encore, tenir ce stylo.

Je vous demande de bien vouloir accepter que mon épouse me transfère dans un hôpital suisse, où m'attendent mes dernières médications.
Je vous remercie pour vos bons soins, et de permettre à mon corps de faire ce dernier voyage.
Adieu.

 

Docteur, je sortirai donc ce soir avec mon mari que vous le vouliez, le compreniez ou non. La Suisse nous attend... 

Il nous reste à tous les deux encore, un peu de route à faire...







jeudi 30 novembre 2023

Une journée mal commencée...


Il est en retard.

Il s'est endormi alors qu'il regardait une émission sur les reptiles d’Amazonie sur "natgeowild".

Il a loupé le réveil...

La poisse!

Il stresse, mais rien n'est encore perdu.

Il court prendre une douche à toute allure, manque de glisser dans son empressement, se rattrape in extremis au lavabo, se cogne le gros orteil à un pied de chaise...

Les grossièretés fusent, tout le répertoire y passe...

Il ne prend pas le temps de se sécher, cherche partout son costume de voyage.

Il ne le trouve plus.

Mais où peut bien être ce costume ?

Impossible !

Ce n'est pas vrai !

Le sort s'acharne !

Il vient de se rappeler. Il l'a déposé avant-hier à la laverie de l’hôtel.

La fatigue et le décalage horaire aidant, il a oublié de passer le prendre.

Il appelle à la réception, personne ne répond... Il essaie encore, décroche et raccroche nerveusement le téléphone vingt fois de suite… Assis sur le bord du lit, ses jambes tremblent d'agacement.

Il peut encore y arriver.

Il en est sûr, commence pour lui une des pires journées de sa vie.

Il s'en veut, il en veut au ciel et à la terre entière…

Il ne peut pas se retrouver coincé à l'autre bout du monde, pas aujourd'hui ! Il doit être à la maison pour le premier anniversaire de sa fille... Il suffit de courir...

Il est en slip chaussettes dans sa chambre, tourne en rond, toujours personne à la réception...

Mais ce n'est pas vrai !

Le temps passe, les secondes s’égrènent à toute vitesse, son retard ne cesse d'augmenter.

La réception décroche enfin.

Il parle à toute vitesse à son interlocuteur, qui ne comprend rien. Il s'y reprend à quatre fois avant qu'ils arrivent enfin à se comprendre...

Le costume va arriver, la note de l’hôtel se prépare...

Interminable attente.

Il est en sueur.

Enfin ça toque à la porte, il ouvre précipitamment, s'empare peu délicatement du vêtement, l’enfile à toute allure sous le regard interloqué de l'employée de l’hôtel.

Attrape sa valise et dévale l'escalier pour rejoindre le hall.

Tapote nerveusement sa MasterCard, devant le réceptionniste, signe son reçu et déjà s'éloigne au pas de course.

Saute dans le premier taxi, crache la destination à son chauffeur, qui se contente de hocher les épaules et de démarrer

Plus que 12 minutes...

Il regarde sa montre fixement, comme pour arrêter le temps...

S'abandonne à une petite prière égoïste...

Huit minutes de retard lorsqu'il s'engouffre dans le hall de l’aéroport Antonio Carlos Jobim.

Il arrive à bout de souffle au comptoir d'embarquement d'Air France, passeport en main.

Une magnifique brune, teint hâlé et aux yeux verts, lui annonce dans un parfait français aux sonorités ensoleillées que l'enregistrement est terminé.

Il supplie, lui dit qu'il faut vraiment qu'il monte dans cet avion pour Paris.

Elle lui explique calmement combien elle est désolée.

Il est en colère, ça le rend agressif. Il lui dit qu'à Paris pour huit petites minutes, il aurait réussi embarquer et que réellement, elle est payée pour ne rien faire...

Elle pianote sur son clavier, indique que dans 45 minutes décolle un New York La Guardia et qu'il aura une correspondance pour Paris CDG 5 heures plus tard.

Elle ajoute, souriante, qu'elle ne peut pas faire mieux.

Il arrivera à Roissy avec sept heures de retard...

Il se dit qu'il n'a vraiment pas de chance.

Il n'a jamais raté un avion de sa vie et il fallait que cela lui arrive aujourd'hui...

Sa femme va certainement être très en colère. Il avait promis d'être là...

C'est réellement une sale journée, en plus il a oublié le cadeau de Laura dans sa chambre d’hôtel et la batterie de son téléphone est déchargée...

Il choisit l'option New York sans enthousiasme. 

Il ne remercie pas en prenant son billet et quitte son hôtesse sans un mot.

Il a l’indéfectible certitude, à cet instant précis, d'être le plus malchanceux des hommes et que sa journée ne pouvait pas plus mal se terminer...

Il vient pourtant de louper, ce 31 mai, le vol 447 Rio-Paris qui n'arrivera jamais…


mercredi 29 novembre 2023

Le diable aimera t-il Chopin ?






Photo Lee Miller
Photo by Lee Miller




Elle est allongée sur le sol froid du salon.


Aujourd'hui c'était le coup de trop.

 

Il n'a même pas encore compris qu'elle ne se relèvera plus. Télécommande de la télévision en main, bien installé dans le canapé, il continue d’attendre son café...

 

Elle se libère de lui, lentement, au rythme où coule cette blessure à la tête...


Elle pense...

Elle pense qu'elle avait vraiment mal rincé la salade ce soir, 

qu'il est vrai qu'il restait un pépin sur la tranche de melon.

Elle pense, qu'elle aurait dû frotter plus fort cette tache de vin sur la nappe, qu'elle n'aurait pas dû casser ce verre à moutarde...

Elle pense qu'elle est encore plus idiote et maladroite depuis qu'il lui avait brisé les doigts parce qu'elle avait joué Chopin...

C'était tellement stupide d'avoir joué Chopin un soir de match...

Elle meurt et elle a peur...

Elle a très peur, parce que l'enfer l'attend...

Il lui a répété tous les jours, et elle le croit.

Elle est méchante.

Elle est mauvaise.

Elle ne sait rien faire de bien.

Elle le met toujours en colère.

Elle n'est pas fichue de faire un enfant. Elle n'est pas assez bonne mère pour les protéger lorsqu'ils poussent dans son ventre...

Elle en est sûre, elle mérite tout ce qui lui arrive.

Elle pose son regard apeuré sur lui, et des yeux, une dernière fois, elle demande pardon...

Il ne la regarde pas...

Elle se demande si le diable aimera Chopin...





D'autre part je rappelle que "les droits élémentaires à la vie et à la dignité, lorsqu’ils sont bafoués, se heurtent encore tout particulièrement quand il s’agit des femmes, aux fanatismes les plus rétrogrades.
Il est urgent de prendre conscience que renoncer à toute forme de violence contre les femmes à travers le monde, c’est tout simplement travailler à l’approfondissement et à la consolidation de la Démocratie, de la liberté et au progrès des Droits humains".

mardi 28 novembre 2023

Des ricochets...





J'étais allongée sur ma serviette, le regard perdu entre les lignes de ce roman que je n'arrivais pas à finir quand il est venu s'asseoir à quelques grains de sable de moi. 

Je ne crois pas qu'il m'ait vue... non, je suis absolument sûre qu'il ne m'a pas vue !
 
Moi, au contraire, je n'ai vu que lui, ou plutôt le poids de sa tristesse...

Je n'ai rien osé dire, j'essayais de respirer le moins fort possible. 

Ne surtout pas interrompre la peine et la solitude que contenait son regard. 

J'étais là, immobile, silencieuse et impuissante.

J'ai écouté ses sanglots transpercer l'air autour de moi, 

J'ai regardé son flot de larmes retourner à la mer.  

Tristement beau ! 

Le temps s'est arrêté pour lui ou pour moi, je ne sais plus !?

J'ai senti mes joues devenir humides... 

Je n'ai pas compris pourquoi mes larmes coulaient, silencieuses, pudiques, imperceptibles...

Je n'étais pas triste !  J'étais juste venue me noyer de soleil et finir un livre...

Il s'est levé, a marché en essuyant d'un revers de manche son nez,

C'est quand l'émotion de l'inconnu, ses problèmes et lui eurent disparu

Que je me suis rendu compte que l'on venait de m'offrir une bouffée d'émotions

De l'émotion par ricochet…

lundi 27 novembre 2023

le temps est passé...

Je me rends compte que le temps à filer 

Je m en suis allée sur d autres rivages et fait souvent naufrages...
 
Et j'ai envie de vous ecrire quelques mots, des mots toujours aussi futiles et dérisoires. 

Peut etre ces mots de temps en temps ressembleront-ils à des histoires ? 

Ils auront je l'espere muri, pris des rides et vieilli 

je vous les promets legers comme à l'accutumier, 

pudiques et discrets, 

Ma quarantaine s est evanouie, 

mes enfants sont partis, 

il me faudra vous trouver d'autres sujets...

 je vais au moins essayer !
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