samedi 10 septembre 2011

Le recommandé...


Mon nom ?

Jeanne Lepage.

Je suis la dame du 18 des Cisterciens. Vous savez c'est en travaux en ce moment.

Ils refont les trottoirs.

Du coup, il faut faire attention pour venir.

Quant il pleut ça glisse, et y a pas mal de boue.

Enfin, il fait beau aujourd'hui, un peu frisquet mais on a un joli soleil de fin d'été.

Je suis passée devant l’école primaire au moment de la récréation. Je suis restée là, à regarder, à écouter jusqu'au coup de sifflet. Ça courrait dans tous les sens, ça riait, ça criait...

Un vrai spectacle !

Je choisis toujours l'heure de la récréation pour aller chercher mon pain. C'est à dix heures trente la récréation.

Je peux bien vous le dire, en fait, je ne mange pas de pain. C'est trop mou. C'est pas pratique le mou avec un dentier.

Mais, j'en achète quand même, comme ça je me promène. Je vois du monde...

Je remonte doucement par le sentier des Forges, je passe devant l'église.

Y avait la petite camionnette d'un Menuisier de Pertuis devant la porte de la sacristie ce matin.
Je pense qu'ils vont enfin réparer le portail de l'église. Il serait temps depuis la tempête de quatre-vingt-seize que ça traine cette histoire !

Enfin, vous me direz ça fait bien longtemps qu'il n'y a plus de messe ni de curé dans notre village.

J'aimais bien aller à la messe.

Maintenant je suis obligée de la regarder à la télévision, c'est quand même pas pareil ! C'est dommage.

Je me suis arrêtée sur le petit banc, sous les platanes devant le boulodrome. Personne ne jouait ce matin, remarquez il n'y a jamais personne en semaine le matin, ça commence un peu à arriver vers quatorze heures.

Mais je connais plus personne qui joue.

Je suis restée assise un dizaine de minutes. J'ai donné un peu de mon pain aux pigeons.
Ils sont bien gras les pigeons du boulodrome, Vous trouvez pas ?

Je crois bien, qu'ils m'attendent le matin.

Et puis après, je rentre doucement, et je ne bouge plus.

Mais, je suis bien toute seule, je manque de rien.

Je suis pas malade. J'ai encore toute ma tête.

Et puis, un matin comme aujourd'hui, ça me change un peu. Ça me fait faire un plus grand tour, de passer vous voir...

Qu'est-ce que je viens faire ?

Ah, oui, pardon Monsieur. Je me dépêche...

Voilà,  j’avais juste un recommandé à récupérer...





10 commentaires:

  1. oh comme c'est émouvant ce que tu racontes, on se voit là, avec cette petite dame...et j'ai envie de lui tenir la main...

    j'ai bcp de patience avec les personnes âgées je les aime

    bon We merci pour ce beau post que je n'avais pas vu ce matin en passant :-)

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  2. Toujours tellement si triste...toujours tellement si doux... mais toujours tellement si beaux tes mots...!
    Je t' embrasse

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  3. Jeanne Lepage, une superbe mamie, je vous la recommande !

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  4. Belle, et forte, comme d'habitude. Ton histoire et ton personnage.
    Et triste et douce.
    Comme la vie.

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  5. Bonjour Jeanne,
    Les feuilles mortes... Un peu de solitude. Joli texte d'avant l'automne. Fleur fanée... ;-)

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  6. J'avais cru la voir passer grâce à la notification de blogspot qui publie les premiers mots et j'étais frustré ne ne pas avoir pu lire la suite.
    Peut-être le billet était-il en gestation, pas encore satisfaisant.
    En tout cas il est parfait maintenant :)

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  7. Très émouvant. Quelques mots et puis on la voit devant nous dans tant de visages que l'on croise.

    Amitiés,
    Béa

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  8. Difficile dans notre société actuelle de laisser une place, une oreille, une attention aux étrangers si proches que sont nos voisins et nos aïeux.

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  9. Une présence fragile comme un souffle qui ne laisse presque pas d'empreinte sur le temps qui passe.
    Tu excelles dans ces ressentis.

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  10. quand la journée se termine à 9h.

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Des battements d'ailes de vous à moi ...

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