La saison n'est déjà plus aux petites robes évasées et jupons longs froissés.
Ce matin, j'attrape d'une main ferme ce petit pantalon. J'enfile une manche puis l'autre et le remonte sans plus d'hésitation.
Enfin, jusqu'à mi cuisse, niveau auquel je suis forcée d'admettre que ma morphologie se refuse à le laisser aller plus avant.
Me baisse en avant pour apercevoir l’étiquette, une idée lumineuse vient de me traverser l'esprit. J'ai, c'est certain, saisi un pantalon taille 8 ans appartenant à ma fille ou un slim oublié là, par ma filiforme sœur...
Consternation, c'est bien dans ma taille supposée que je me retrouve "ensaucissonnée" !
Ce Strauss se refuse aujourd'hui à contenir en sa toile, mes parties charnues : communément nommées cheval et bouée.
Ne me reste plus qu'à débarrasser la femme de ce garrot en jeans ...
J'en repère un, et m'affaire jusqu'à le posséder. Puis je l'emmène partout et me sens femme avec lui à mes côtés...
En passionnée, j'ai vite tendance à lui donner tout ce que j'ai. L'élu se voit confier ma correspondance, mes carnets de mots griffonnés, mes cartes de crédit. Je lui abandonne mes lunettes, le laisse me cacher mes briquets, supporte sans sourciller qu'il corne mes livres. Et lui donne même, dès le premier jour, la clé de mon appartement...!
En dominatrice, je le laisse à mes pieds, ou m'attendre des heures sur un bout de chaise...
Nous marchons, lui, appuyé sur mon épaule ou collé dans le creux de ma main, ainsi uni nous faisons notre bout de chemin...
Je l'aime, oui, je l'aime toujours au moins quelques temps...
Mais je finis immanquablement par le trouver, lourd, pas assez grand, triste, trop guindé ou plus assez séduisant...
Plus ou moins rapidement, je me surprends à en regarder d'autres. A convoiter celui aux bras d'une plus jeune, d'une plus élégante...
En impudique je les dévore des yeux avec envie.
Inéluctablement, je cède à mes désirs et me conduis en impulsive infidèle.
Je le quitte et l'oublie...
Je l'abandonne parfois à une amie, qui, heureuse, le videra de ses dernières forces.
Je le remplace par de plus jeunes, plus vigoureux, plus beaux. ..
Je rentre, ma nouvelle conquête au bras, et le mets à nu devant mes sœurs de la futilité.
J'étale et expose la douceur et la couleur de leurs peaux, aux mains et aux yeux envieux d'autres frivoles...
Je l'aimerai et en prendrai soin quelques temps. Je le nourrirai de toutes ses choses qui font ma vie jusqu'à ce qu'il n'y tienne plus, ou que je n'en veuille plus...