jeudi 30 novembre 2023

Une journée mal commencée...


Il est en retard.

Il s'est endormi alors qu'il regardait une émission sur les reptiles d’Amazonie sur "natgeowild".

Il a loupé le réveil...

La poisse!

Il stresse, mais rien n'est encore perdu.

Il court prendre une douche à toute allure, manque de glisser dans son empressement, se rattrape in extremis au lavabo, se cogne le gros orteil à un pied de chaise...

Les grossièretés fusent, tout le répertoire y passe...

Il ne prend pas le temps de se sécher, cherche partout son costume de voyage.

Il ne le trouve plus.

Mais où peut bien être ce costume ?

Impossible !

Ce n'est pas vrai !

Le sort s'acharne !

Il vient de se rappeler. Il l'a déposé avant-hier à la laverie de l’hôtel.

La fatigue et le décalage horaire aidant, il a oublié de passer le prendre.

Il appelle à la réception, personne ne répond... Il essaie encore, décroche et raccroche nerveusement le téléphone vingt fois de suite… Assis sur le bord du lit, ses jambes tremblent d'agacement.

Il peut encore y arriver.

Il en est sûr, commence pour lui une des pires journées de sa vie.

Il s'en veut, il en veut au ciel et à la terre entière…

Il ne peut pas se retrouver coincé à l'autre bout du monde, pas aujourd'hui ! Il doit être à la maison pour le premier anniversaire de sa fille... Il suffit de courir...

Il est en slip chaussettes dans sa chambre, tourne en rond, toujours personne à la réception...

Mais ce n'est pas vrai !

Le temps passe, les secondes s’égrènent à toute vitesse, son retard ne cesse d'augmenter.

La réception décroche enfin.

Il parle à toute vitesse à son interlocuteur, qui ne comprend rien. Il s'y reprend à quatre fois avant qu'ils arrivent enfin à se comprendre...

Le costume va arriver, la note de l’hôtel se prépare...

Interminable attente.

Il est en sueur.

Enfin ça toque à la porte, il ouvre précipitamment, s'empare peu délicatement du vêtement, l’enfile à toute allure sous le regard interloqué de l'employée de l’hôtel.

Attrape sa valise et dévale l'escalier pour rejoindre le hall.

Tapote nerveusement sa MasterCard, devant le réceptionniste, signe son reçu et déjà s'éloigne au pas de course.

Saute dans le premier taxi, crache la destination à son chauffeur, qui se contente de hocher les épaules et de démarrer

Plus que 12 minutes...

Il regarde sa montre fixement, comme pour arrêter le temps...

S'abandonne à une petite prière égoïste...

Huit minutes de retard lorsqu'il s'engouffre dans le hall de l’aéroport Antonio Carlos Jobim.

Il arrive à bout de souffle au comptoir d'embarquement d'Air France, passeport en main.

Une magnifique brune, teint hâlé et aux yeux verts, lui annonce dans un parfait français aux sonorités ensoleillées que l'enregistrement est terminé.

Il supplie, lui dit qu'il faut vraiment qu'il monte dans cet avion pour Paris.

Elle lui explique calmement combien elle est désolée.

Il est en colère, ça le rend agressif. Il lui dit qu'à Paris pour huit petites minutes, il aurait réussi embarquer et que réellement, elle est payée pour ne rien faire...

Elle pianote sur son clavier, indique que dans 45 minutes décolle un New York La Guardia et qu'il aura une correspondance pour Paris CDG 5 heures plus tard.

Elle ajoute, souriante, qu'elle ne peut pas faire mieux.

Il arrivera à Roissy avec sept heures de retard...

Il se dit qu'il n'a vraiment pas de chance.

Il n'a jamais raté un avion de sa vie et il fallait que cela lui arrive aujourd'hui...

Sa femme va certainement être très en colère. Il avait promis d'être là...

C'est réellement une sale journée, en plus il a oublié le cadeau de Laura dans sa chambre d’hôtel et la batterie de son téléphone est déchargée...

Il choisit l'option New York sans enthousiasme. 

Il ne remercie pas en prenant son billet et quitte son hôtesse sans un mot.

Il a l’indéfectible certitude, à cet instant précis, d'être le plus malchanceux des hommes et que sa journée ne pouvait pas plus mal se terminer...

Il vient pourtant de louper, ce 31 mai, le vol 447 Rio-Paris qui n'arrivera jamais…


11 commentaires:

  1. Notre tension monte avec la sienne, jusque à la chute. Puis vient la chute. Puis vient le doute. Le 30 mai, c'était bien le vol Rio-Paris ?

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  2. La chute me glace les sons ! Je souriais devant la musique "râleuse" de cet homme dépeint avec tant de "réalisme", moult détails de la vie pratique du "mâle en déplacement !" qui nous le brossent bien, l'homme, le cadre pater familias, dans tout ses costumes ! et cette chute complètement inattendue ! je dis bravo !

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  3. @Fabien : j'ai clarifié la fin merci ;))

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  4. Encore une fois, ça fait mouche...

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  5. Mon dieu quelle course folle!
    Notre cœur bat à tout rompre et la fin: ouf!Le destin tout de même!

    Chapeau, madame!

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  6. Encore heureux que faute d'avion, il n'ait embarqué sur un paquebot style Titanic...

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  7. Il m' est arrivé une histoire dans le genre!
    J' arrive en taxi à l' aéroport de Bologne pour Paris via Nice et à vint minutes du départ, angoisse j' ai du tomber le téléphone dans le taxi... Bref, téléphonade, décrire le chauffeur de taxi et l'angoissante attente!
    A la clôture de l' embarquement...just in time, (on m' a attendu car nous étions trois)le voilà ! Et j' ai payé une course supplémentaire pour le téléphone!
    Ouf!
    Cela n' arrive pas qu' aux autres.

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  8. Chapeau. Course haletante et suspens jusqu'au bout. Chute bouleversante.
    Amitiés,
    Béa

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  9. suées !!!

    destin ! il existe, j'en suis certaine !

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  10. Dans ses malheurs, un gros coup de chance quand même !!

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Des battements d'ailes de vous à moi ...

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