Mon nom ?
Jeanne Lepage.
Je suis la dame du 18 des Cisterciens. Vous savez c'est en travaux en ce moment.
Ils refont les trottoirs.
Du coup, il faut faire attention pour venir.
Quant il pleut ça glisse, et y a pas mal de boue.
Enfin, il fait beau aujourd'hui, un peu frisquet mais on a un joli soleil de fin d'été.
Je suis passée devant l’école primaire au moment de la récréation. Je suis restée là, à regarder, à écouter jusqu'au coup de sifflet. Ça courrait dans tous les sens, ça riait, ça criait...
Un vrai spectacle !
Je choisis toujours l'heure de la récréation pour aller chercher mon pain. C'est à dix heures trente la récréation.
Je peux bien vous le dire, en fait, je ne mange pas de pain. C'est trop mou. C'est pas pratique le mou avec un dentier.
Mais, j'en achète quand même, comme ça je me promène. Je vois du monde...
Je remonte doucement par le sentier des Forges, je passe devant l'église.
Y avait la petite camionnette d'un Menuisier de Pertuis devant la porte de la sacristie ce matin.
Je pense qu'ils vont enfin réparer le portail de l'église. Il serait temps depuis la tempête de quatre-vingt-seize que ça traine cette histoire !
Enfin, vous me direz ça fait bien longtemps qu'il n'y a plus de messe ni de curé dans notre village.
J'aimais bien aller à la messe.
Maintenant je suis obligée de la regarder à la télévision, c'est quand même pas pareil ! C'est dommage.
Je me suis arrêtée sur le petit banc, sous les platanes devant le boulodrome. Personne ne jouait ce matin, remarquez il n'y a jamais personne en semaine le matin, ça commence un peu à arriver vers quatorze heures.
Mais je connais plus personne qui joue.
Je suis restée assise un dizaine de minutes. J'ai donné un peu de mon pain aux pigeons.
Ils sont bien gras les pigeons du boulodrome, Vous trouvez pas ?
Je crois bien, qu'ils m'attendent le matin.
Et puis après, je rentre doucement, et je ne bouge plus.
Mais, je suis bien toute seule, je manque de rien.
Je suis pas malade. J'ai encore toute ma tête.
Et puis, un matin comme aujourd'hui, ça me change un peu. Ça me fait faire un plus grand tour, de passer vous voir...
Qu'est-ce que je viens faire ?
Ah, oui, pardon Monsieur. Je me dépêche...
Voilà, j’avais juste un recommandé à récupérer...