mardi 20 décembre 2011

Still loving you ...


 ouvre la boite à petits mensonges pour accompagner notre hiver.


Elle accueille avec douceur et gentillesse

dans son univers

les légèretés que les uns et les autres nous avons cachées chez elle.


"Still loving you" est sorti de la boite aujourd'hui...




mardi 22 novembre 2011

Panne...


Je vous fais le coup de la panne...
je "panne" de désirs
je "panne" d'envies
je "panne" de mots
je "panne" d’automne
Je trouve un moyen de me réparer ...
je panse mes désirs 
je panse mes envies
je panse mes mots
je panse mon automne


et je reviens écrire quelques histoires de rien
si mon coeur le veut bien...

Vers vous tous une envolée de mes fragiles baisers.




jeudi 13 octobre 2011

Une terrible beauté est née...

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Lise marchait sans but. 
Ses pensées ne se bousculaient pas à refaire le monde, elle s’offrait un instant de calme sur ce petit sentier forestier. 
Son pas léger suivait le tapis de feuilles perdues par les chênes.
C’est en s’arrêtant pour admirer un coléoptère qu’elle l’aperçut, cette petite chose dont elle allait tant s’occuper.
C’était un petit cœur rouge, pas plus grand qu’un grain de maïs.
Elle se demanda quel genre de plantes pouvait bien avoir produit un fruit pareil. 
Elle contemplait ce magnifique cœur posé au centre de sa paume. Elle pouvait presque l’entendre battre. 
Elle se dit qu’il lui fallait absolument le semer.
Elle le rangea précieusement dans sa poche de veste et rebroussa chemin.
De retour chez elle, elle chercha dans tous ses livres de botanique, dans tous ses guides de jardinage, alla même jusqu’à interroger l'omniscient google oracle ! 
Mais tous restaient sans réponse.
Ce cœur perdu l’avait bien été d’une plante inconnue…
Dans les semaines qui suivirent elle donna tout ce qu’il fallut d’eau, de terre, de lumière, d’attention et d’amour pour faire germer son cœur. 
Bien des mois s’écoulèrent avant qu’elle put voir le centre du pot se soulever, se craqueler puis naitre une verte et fragile pousse. 
Elle ne savait pas encore qu’une terrible beauté était née !
Dans les semaines qui suivirent la pousse devint tige puis tronc, se hérissa de puissants piquants et de feuilles tranchantes. 
La semeuse se blessait à chacun des soins qu’elle prodiguait à sa plante. 
Elle trouvait ce cœur, bien cruel avec sa dévouée protectrice, mais ne l’abandonna pas pour autant.
Au printemps, des grappes de cœurs en fleurs au parfum de passion vinrent au monde. 
L’ingrate fleurit, dans le noir une nuit et mourut.
Notre jardinière récolta un tapis de pétales jaunis, flétris et malodorants.

Lise n’eut aucun regret, un peu de peine certes, mais elle se dit qu’après tout l’important quand on sème, ce n’est pas ce que l’on va en récolter mais ce que l’on a fait grandir en soi ...








mardi 4 octobre 2011

Retrouvailles à la bolognaise...



Dimanche, elle descend de l'avion, le vol pour Bologne s'est bien passé.

Elle se dit que tous les aéroports du monde se ressemblent.

Elle suit le couloir lumineux, son bagage à roulette à la main, son petit bagage noir empli du nécessaire pour son escale de deux jours.

Elle croise inlassablement les mêmes inconnus partout qu'elle aille dans le monde.

Les mêmes joies des retrouvailles.
Elle passe à côté de ces corps, qui s’enlacent, qui frémissent, qui dévorent les longues absences, qui vibrent de désir et qui s'abandonnent à d'impudiques élans de l'être.
Les mêmes douleurs des séparations, les mêmes bras qui s’étirent, jusqu'à la limite du vide, les lèvres qui se déchirent, les yeux en fontaines et ces mots universels qui dans mille langues crient en silence à cet Autre, sur le départ, des mots d'amour des promesses d'absolu.

Elle s'extirpe de ce fleuve d’émotions, de ces flots de sentiments et de ce brouhaha des corps. 

Elle passe les portes et retrouve l'air du dehors, ajuste ses lunettes de soleil et saute dans un taxi.

Entre les mains de son chauffard italien, elle roule à vive allure vers son hôtel.

Elle dépose sa valise dans une petite chambre cosy et joliment décorée du centre ville.

Bologne ce n'est pas Rome mais des effluves de dolce vita émanent de tous côtés.

L’Italie, c'est quand même particulier, un peu magique, une atmosphère comme hors du temps...

Il fait magnifiquement beau en ce début d'octobre on se croirait mi-juin. Elle part seule à l'assaut de la ville, où l'attendent des splendeurs médiévales.
Elle s’attarde à une fontaine surmontée d'un Neptune en pleine de force de l'âge, passe par la basique et le palazzo puis, après une après midi de baguenaude s'en retourne à sa chambre prendre un bon bain en écoutant Chopin... 

Doucement, lentement, elle descend l'escalier qui mène au bar de l’hôtel prendre un verre.

Elle opte pour un Martini olive qu'elle boira au comptoir.

Elle regarde vaguement le bellâtre usé, au sourire à fossettes et aux yeux pétillants, qui pose son verre devant elle. Elle lui rend un sourire, lui donne le numéro de sa chambre pour l'addition et s'en retourne à ses pensées ...

Elle adore les apéritifs esseulée, accoudée au comptoir. Son cure-dent piqué d'une olive en main, regard noyé dans son verre, perdue dans quelques pensées, corps ouvert sur ses sens, elle pense. Elle pense à son travail. Elle repense à des mots glissés dans sa boite email. Elle pense que les manichéens, les stoïciens et Platon l'ennuient à mourir. Qu'elle aime l'Italie, qu'elle sera à Atlanta pour Thanksgiving, qu'elle doit se coucher tôt...

Une étrange sensation vient la sortir de son verre. Elle est de retour dans ce bar, bien présente et respire un parfum qu'elle a reconnu derrière elle. Un parfum doux et fort, enivrant et subtil...

Elle le sent se déplacer, il avance, l’entoure, l’imprègne.
Elle ne se retourne pas. Elle attend. Elle le sait a quelques pas d'elle. Elle espère que le corps qui transporte cette odeur est bien celui auquel elle pense, mais elle n'ose y croire...

Son cœur se serre, sa gorge se noue, elle ressent une violente douleur à l'estomac.

Elle redresse le buste, croise les jambes, lève un peu le menton, ferme les yeux, et inspire doucement mais très profondément. Au moment où elle entame ce mouvement du bassin pour faire pivoter le grand tabouret sur lequel elle est assise, une puissante main se pose sur son épaule et une phrase caresse son oreille : "Hey you, could I take a sit, please, let me be as close as possible, and tell me now what do you want for your brekkie" ce dernier mot à l'accent australien vient mourir dans son cou en un baiser tendrement déposé.

Un large sourire illumine son visage, son cœur bat des records de vitesse et ses yeux s'embuent.
Elle penche la tête sur le côté, fait un quart de tour sur son tabouret, ouvre grand ses bras, et étreint avec force cet homme qu'elle avait laissé, deux ans plus tôt dans l'aéroport de Sydney ...

Elle n'avait jamais oublié ce jour  d'hiver de juillet, se revoit encore accrochée à ses yeux, se libérer de ses bras, le quitter à la porte du sas, s'engouffrer en apnée pour la dernière fois dans un Boeing à la dérive au kangourou. Elle se revoit assise dans ce siège passager côté couloir, 23 heures dans un nuage de tristesse, la tête vide de promesses non échangées, le coeur entre deux hémisphères et l'âme déchirée...

Et il est là, ce soir, à côté d'elle, à Bologne, dans ce petit hôtel, ils se respirent se touchent, les peaux n'ont rien oublié. Même le barman s'est effacé, tant l'instant précieux est fragile...

Tout à coup elle grelotte, claque des dents, regarde autour d'elle et aperçoit ses pieds fripés au fond d'une eau refroidie.

Elle s'est, une fois encore, dans son bain et bercée par Chopin assoupie...

L'onirique brouillard de son esprit lentement se dissipe, s'évapore son australien et la nuit d'amour bolognaise que le songe annonçait...

Elle va quand même s'habiller et descendre au bar. Après tout, on ne sait jamais, la réalité parfois nous guide bien plus loin que l'on aurait pu rêver...






mardi 27 septembre 2011

Une histoire de mots...



Pose toi sur ma feuille
Chevauche une lettre
Suis le sillon d'encre 
La nerveuse courbe
En remontant la plume
Escalade ma main gauche
Puis droit devant
Tu trouveras alors
L'organe 
Où naissent mes mots
En quelques battements
Tu sauras 
A quel point  l’équilibre
De l'ensemble est fragile
 Me trouver derrière un mot
C'est déjà m'avoir 
Tout pris
Ne me cacher que derrière
Mes mots 
C'est déjà t'avoir tout donné...









lundi 26 septembre 2011

C'est purement physique...





La physique et moi, on est marié...

Au tout début nous étions du genre physique théorique.

On gravitait l'un autour de l'autre, on émettait des hypothèses sur le magnétisme des corps...


 Puis on est assez vite devenu de la  physique expérimentale.

On s'attachait à découvrir le fonctionnement de nos univers, par de multiples et innombrables expériences et manipulations.

Nous nous préparions, nous expérimentions et souvent évaluions les résultats obtenus, en essayant le plus possible de nous détacher de nos modèles .

On modifiait avec prudence un paramètre  à la fois pour mesurer son effet sur le comportement ou les pensées de l'autre...

Mais, je suis bien forcée de faire, ici, aujourd'hui, le constat que nous sommes entrés dans la phase critique de la physique mathématique.

On s'attache, méthodiquement à trouver la bonne méthode de décomposition. Nous essayons de résoudre au mieux, et de calculer au plus juste nos différentiels...

Et après cela, vous osez encore me dire que la science n'avait pas tout prévu !







.

mercredi 21 septembre 2011

Sur l'établi...



Ils ont fait un appartement dans ton garage.

Ça sent la cuisine et le propre.

Mais par delà les murs blancs, je vois encore les ombres de mes bonheurs enfantins lorsque tu m’asseyais sur l'établi.

J'avais cinq ou six ans, peut être moins...

Je trônais sur les planches de bois martelées. Je m'accoudais à l'étau de fer usé. Je devenais les petites mains passeuses d'instruments, hésitantes et concentrées. J'attendais que tu nommes ou désignes d'un geste du menton l’outil que je devrais trouver au plus vite. Tu finissais ton travail un oeil sur moi, la tête pas entièrement à ton ouvrage.

Tu avais dessiné chacun de tes outils minutieusement, sur le mur qui les portait, au fur et à mesure qu'ils entraient dans ta collection.

C'était ton trésor à toi.

Une galerie de trophées, exposés dans un coin de ton garage, dans des odeurs de cuve à mazout, de transpiration, de vieux chiffons, d'huile de vidange, de bois sec, et de vieilles caisses à vendanges...

Dessous l'établi dans un tiroir, tu avais gardé le premier jeu de construction en bois de papa, et un méccano rouillé qui avait été maintes fois monté et démonté.

Mes petites mains fragiles farfouillaient tes trésors. Elles ouvraient tes boites à souvenirs, déshabillaient ton passé, étalaient sur le sol en béton gris des morceaux de ta vie et elles égrainaient sur ton présent l'anxiété de celui qui veillait sur mes petites mains maladroites d'enfant.

Je bricolais sous tes yeux aimants, tu me laissais tailler des bouts de bois, les écraser à grands coups de marteau, les scier pour n'en rien faire ...

Mon envie de bricoler s'envolait souvent, comme elle était venue. Tel un papillon passant sans plus d'hésitation à une autre fleur, je te laissais là, à ton garage et à tes trésors chamboulés...

J'oubliais derrière moi, un établi plein d'outils séparés de leurs ombres murales, des copeaux de bois, des tiroirs ouverts, un vent de démence avait balayé l'ordre de ton univers. 

Je déposais un baiser sur ta joue molle et piquante, et m'enfuyais déterrer d'autres merveilles, dans la cuisine de Mamie.

Bien des années après ; j'ai trouvé en vidant ta maison, dans ton tiroir à souvenirs, des bouts de bois mal taillés et écrasés que tu avais précieusement gardés.








Le texte est venu en croisant les images de Fabien. Je suis heureuse de ce partage ses clichés m'ont vraiment touchés. Merci m'sieur  ! :*

lundi 19 septembre 2011

L'intrus sur l'étagère...






J'ai conservé son vieux journal intime, précieusement rangé, sur l'étage de la pléiade.

Les secrets, potins et autres banalités de la vie de Mamie, ainsi placés entre André Malraux et Karl Marx.
En effet ne possédant pas les ouvrages de Marivaux* et  Martin du Gard*, le hasard alphabétique l'a placé là... Je souris souvent à la vue de ce vieux cahier coincé entre ces deux génies dont elle devait ignorer jusqu'aux noms. Je l'imagine parlant de la condition humaine et fumant avec André ou s'offrir quelques échanges polis dans la langue de Goethe avec Karl... Natürlich !

C'est vraiment un drôle de voisinage pour une vielle dame née en Allemagne dans un petit village de Rhénanie, à Idar-Oberstein non loin de la belle ville de Trier, et enrôlée de force dans les jeunesses Hitlériennes, comme tous les Bons Aryens de sa génération.

Ça doit vraiment pas plaire à Malraux cette histoire...
Ce dut être complétement surnaturel pour lui de se retrouver ainsi, à côté du démon absolu. Passé le temps du mépris,  Mamie s'est certainement rapprocher un peu, a brisé les voix du silence pour faire connaissance du bout des mots et rendre l'espoir à l'homme précaire de la littérature ... J'ai cessé de m'inquiéter pour la tranquillité d'André en m'apercevant que de l'autre côté l'épaulait Mallarmé.

Je me fais bien plus de soucis pour le voisin de gauche de Mamie. Le premier contact me sembla plus simple. Ils avaient déjà un bon capital commun afin de se lier plus aisément. Ils partageaient la Rhénanie, le plattdeutsch et Mamie ne devait pas manquer d'intérêt aux yeux de Karl en tant qu'ancienne ouvrière au bas salaire dans une usine de tabac. Il avait dû néanmoins s'arracher quelques poils à la barbe, mon Karl, en écoutant Mamie parler de sa sainte famille ou en découvrant la misère de sa philosophie. J'attends d'ailleurs, sous peu une révolution à cet endroit de la bibliothèque. Le chevalier de la noble conscience devenu velu frustré, obligé d'éviter toutes discussions en économie et philosophie. Je ne sais combien de temps il tiendra encore.


Car ce que je ne vous dis pas,
c'est qu'à côté de lui, le seul bel ami 
que la pléiade lui a fourni,
est à particule un bourgeois
de Maupassant, Pour Karl c'est pas la joie !













* Je suis preneuse au cas où vous n'en feriez rien ;)

mardi 13 septembre 2011

L'envol des mots ...


J'ai trempé ma plume
dans le noir
noix de galle
pour vous écrire ce matin
de légères pensées
des mots aériens
mais mon encre
autrement
en avait décidé
sous mes yeux écarquillés
je l'ai vu
de mes lignes
s'arracher
de ma feuille 
se libérer
par un pied de bureau 
s'évader
et à la terre
retourner.
Ma plume frissonnait
de cette belle liberté
pas plus
il n'en fallut
pour qu'à l'oiseau
elle fut rendue.
Impuissante
je restai
à admirer
s'éloigner
en vol ramé
toutes mes pensées...





dimanche 11 septembre 2011

Départ...


Il se leva comme chaque matin.
Enfin presque...
Il se fit beau.
Cira ses chaussures, enfila son costume des grandes occasions.
La veille il avait mis de l'ordre dans ses papiers, rangé ses affaires...
Il prit le chemin qui descendait vers la pharmacie d'une amie.
S'arrêta un moment pour lui laisser les clés de la maison.
Il a souri tendrement,
Il n'était pas très expressif, il n'a rien expliqué.
Il ne parlait jamais de lui...
Il monta dans sa voiture.
Conduisit un peu.
Il se gara près du pont.
Descendit et marcha avec certainement mille choses à l'esprit.
Des choses chargées de flous, d'ombres et de vide...
Se posta sur la voie et attendit ce train qui l'emporta au loin.




samedi 10 septembre 2011

Le recommandé...


Mon nom ?

Jeanne Lepage.

Je suis la dame du 18 des Cisterciens. Vous savez c'est en travaux en ce moment.

Ils refont les trottoirs.

Du coup, il faut faire attention pour venir.

Quant il pleut ça glisse, et y a pas mal de boue.

Enfin, il fait beau aujourd'hui, un peu frisquet mais on a un joli soleil de fin d'été.

Je suis passée devant l’école primaire au moment de la récréation. Je suis restée là, à regarder, à écouter jusqu'au coup de sifflet. Ça courrait dans tous les sens, ça riait, ça criait...

Un vrai spectacle !

Je choisis toujours l'heure de la récréation pour aller chercher mon pain. C'est à dix heures trente la récréation.

Je peux bien vous le dire, en fait, je ne mange pas de pain. C'est trop mou. C'est pas pratique le mou avec un dentier.

Mais, j'en achète quand même, comme ça je me promène. Je vois du monde...

Je remonte doucement par le sentier des Forges, je passe devant l'église.

Y avait la petite camionnette d'un Menuisier de Pertuis devant la porte de la sacristie ce matin.
Je pense qu'ils vont enfin réparer le portail de l'église. Il serait temps depuis la tempête de quatre-vingt-seize que ça traine cette histoire !

Enfin, vous me direz ça fait bien longtemps qu'il n'y a plus de messe ni de curé dans notre village.

J'aimais bien aller à la messe.

Maintenant je suis obligée de la regarder à la télévision, c'est quand même pas pareil ! C'est dommage.

Je me suis arrêtée sur le petit banc, sous les platanes devant le boulodrome. Personne ne jouait ce matin, remarquez il n'y a jamais personne en semaine le matin, ça commence un peu à arriver vers quatorze heures.

Mais je connais plus personne qui joue.

Je suis restée assise un dizaine de minutes. J'ai donné un peu de mon pain aux pigeons.
Ils sont bien gras les pigeons du boulodrome, Vous trouvez pas ?

Je crois bien, qu'ils m'attendent le matin.

Et puis après, je rentre doucement, et je ne bouge plus.

Mais, je suis bien toute seule, je manque de rien.

Je suis pas malade. J'ai encore toute ma tête.

Et puis, un matin comme aujourd'hui, ça me change un peu. Ça me fait faire un plus grand tour, de passer vous voir...

Qu'est-ce que je viens faire ?

Ah, oui, pardon Monsieur. Je me dépêche...

Voilà,  j’avais juste un recommandé à récupérer...





mercredi 24 août 2011

La surprise du jour ...



Lorsque j’écris, j'assemble des mots sur une feuille, j'y mets tout ce que j'ai en moi sur le moment, avec la plus grande sincérité.

Je les publie puis je les abandonne là.

Ils ne trouvent, leur véritable sens que par vos yeux, vos coeurs.

Ils ne vibrent que par contact, parce que vous vous laissez toucher, parce que vous les caressez, parce vous leur donnez par vos lectures la vie qu'ils n'auraient pas en restant seuls sur des bouts de papier. 

Je me suis souvent demandée comment vous me lisiez, et aujourd'hui,  Sagine, du blog "De vos yeux, à mes oreilles" m'a donné une belle réponse.

Elle nous offre une lecture d'un de mes anciens textes "Les esquimaux en été..." ici.

Je vous propose de faire avec elle ce voyage au temps où nous aimions que l'on nous lise des histoires.




mercredi 17 août 2011

Ramenez-moi au parc ...





Aujourd'hui avec les autres vieux, on nous a conduit au cinéma, le petit cinéma, à côté de la maison.

Comme d'habitude, le film intéressant était à l'étage, et avec mes vieilles jambes, ils m'ont mise dans la salle du bas. C'était un film en polonais, sous-titré, je ne lis plus assez vite pour ça, et en plus c'était tout noir et violent, j'ai pas tout compris.

En fait c'est pas grave, je crois que j'ai dormi...

Les sorties au cinéma m'ennuient, je préférais quant on allait  au parc.

Oui, c'était vraiment mieux le parc, surtout le mercredi, on croisait des enfants. Je les aime les enfants.

Je sais pas pourquoi je les aime autant maintenant.

Quand j'étais jeune, ils m'agaçaient tout le temps, mais depuis quelques années ils me fascinent.

J'ai envie de les toucher, de les serrer de les embrasser aussi.

Je les trouve dodus et moelleux. Ils sont  comme des pâtisseries dans une vitrine que je regarde avec des yeux diabétiques.
Je les sens sucrés comme des sirops de grenadine.
je les vois et ils semblent portés par les vents, ils sont légers et tourbillonnants.

Au parc, je laissais tomber leurs cris confus, ce mélange de larmes, de rires, de mots,  au fond de mon oreille quasi sourde.
Je fermais les yeux pour faire durer ce flot sonore, le fixer tel un acouphène dans mon océan de silence...

C'est cela, oui, ils tuaient mon silence.

Ils remplissaient à grand coup de vagues géantes de brouhahas ma tête vide de mots.

Lorsque l'un d'eux passait près de moi, je lançais infatigablement une première parole et je dévorais les mots rendus, les sourires, les petits gestes de la main. De temps en temps j'arrivais même à gouter un peu de joue par baisers interposés...

J'aimerais tant que vous me rameniez au parc. Là où mon cœur pouvait encore frisonner...

Vous trouvez  le cinéma plus stimulant et moins banal.

Mais je vous jure que lorsque l'on est devenue une vieille dame,  c'est bon de croiser un enfant ...





lundi 8 août 2011

Regard...




Je l'ai regardé de loin, hurler, taper, se rouler sur le sol de colère, intolérant qu'il était à la frustration.

Je les ai vu l'attraper par un bras, lui luttant pour rester à terre. Je les ai entendu menacer, négocier, je les ai vu tenter l'indifférence en plein cahot et céder. Se soumettre aux exigences de l'enfant ;  pas plus heureux pour autant...

Un peu plus loin, un autre jetait sa carte bancaire dorée, dans un geste supérieur, à la face de celle qui encaissait, sans mot dire, lassée qu'elle était...

Et là, cette vieille dame désemparée de ne plus trouver au fond de son sac son porte-monnaie. Ou cette autre,  par les âges courbée, à pieds sur la route, seule à la nuit tombée...

Et encore, ces deux là, mal rasés, mendiant une cigarette avec des paroles confuses, l'esprit par quelques spiritueux embrouillé, libéré...

J'ai vu dans des vitrines des robes à trois zéros, des bêtes mortes à porter sur le dos...

Et j'ai eu, il est vrai, honte de qui j'étais,  de ce monde à qui j'appartenais...







jeudi 4 août 2011

Balade...



J'aurais pu commencer cette histoire par quelques images choisies, des métaphores usées de trop avoir servies, mais ce style serait aujourd'hui bien inapproprié.
Magnifique saison de la renaissance : le printemps ! Chaque année à la même époque renait en moi cette envie de la métamorphose. Faire changer son corps, résolutions purificatrices, désintoxiquantes, rajeunissantes, raffermissantes...
Pour déjouer Chronos ou s'en donner l'illusion je décide de me remettre au sport, avec des amies choisies.
Je sélectionne soigneusement une activité à ma portée, sans trop présumer de moi, si possible, et j'opte pour le cyclisme de plaisance sur Hollandais chic.

Puis je recrute des Amies :

- Era, la sportive : belle,  musclée, intelligente, une rose avec piquants.
(c'est ici je crois que j'ai fait ma première erreur : bien trop sportive...Ne jamais se faire entrainer par un corps capable de courir dix kilomètres tous les matins sans même se mettre à transpirer...)

- Flora, la laborieuse :  naturelle, passionnée , décontractée une violette avec des racines de chênes.

- Je m'ajoute à la liste pour finir le trio : LH
   
L'équipe est formée il ne reste plus qu'à pédaler...


Une matinée ensoleillée d'avril forêt du Retz:


 - Era  : "Allez, on va commencer en douceur ! Le vélo c'est bon pour le cœur, le régime, la cellulite, on va voir des beaux paysages, respirer du bon air..."

- Flora  :  "T'as raison, rien de tel qu'un peu d'exercices"

- LH : "Allez c'est parti mon kiki !"
(Ça fait combien de temps que j'pédale ? J'crois qu'j'ai le cœur dans l'oreille. J'vais faire une attaque... j'le sens v'nir, j'vais crever sur un vélo! J'aurais tout gagné ! Mon régime, mon régime, les hommes préfèrent les rondes...j'invente rien ! Les paysages, les paysages mais j'fais pas du tourisme, là tout de suite, m'en fous de la nature!)

- E :  "Ça va ? on a vraiment un temps superbe !"

- F  : "On a vraiment de la chance ! Et bien ma grande tu parles plus ?"

- LH : "si si !"
(J'parle plus, j'parle plus...ma priorité c'est respirer là tu vois ! NON, ça va pas ! J'ai toujours l'coeur dans l'oreille. D'la chance, d'la chance...l'cul dans une piscine un mojito à la main. Ça, c'est d'la chance ! Dégouliner de sueur assise sur ce machin à pédales c'est d'la TORTURE ! C'est quand même bien un truc de malade...et dire qu't'as des mecs qu'inventent des transats, des vraies choses utiles et y'en a un qui nous a pondu l'vélo ! mais c'est pas vrai!)

- E :  "Je n'en reviens pas pour un mois avril, des températures pareilles, c'est le PA-RA-DIS.

- F : "Ha, oui c'est vrai qu'on est bien, et dire qu'y en a au boulot !"

- LH : "Heum..."
(J'vais devenir vulgaire si vous la fermez pas.! Vindiou c'est moi qui sens comme ça !.... Le paradis, vu le bruit qu'j'ai dans la cafetière j'viens d'me payer un aller simple ! Tu vas voir qu'elles vont me brancher sur les petits oiseaux... J'veux rentrer ! Faire du vélo avec ses copines sportives c'est à vous dégouter d'avoir des amies...)

- E : "Tu te débrouilles comme un chef, pour une première depuis longtemps c'est super !

- F : "Non, mais ser-ieu-se-ment c'est vrai ce que dit Era, t'as une sacrée pêche!"

- LH :"Heum..."
(Si j'te disais où j'la sens la pêche en question j'suis pas sûre qu'ça plaise. Mais elles se foutent d'ma gueule en plus...j'me fais même doubler par les papillons ! quand j'arrive j'me couche...si j'arrive...Allez tout est dans la tête ! Mais j'suis pas nette, j'ai vraiment un grain...)

- E :"Une dernière petite descente et nous sommes arrivées, une heure et quart de balade, il nous reste plein de temps avant la sortie des classes, trop cool!"

- F : "Ça fait du bien ! J'me sens en forme."

- LH : "Hieu !"
(ouais, les descentes j'aime, si j'me débrouille bien j'peux aller jusqu'à la maison en roues libres, j'suis quand même balaise 75 minutes de vélo, j'suis une bête ! J'suis pas morte, si en fait j'suis morte... )

- E : "A tout à l'heure les filles."

- F : "A t'à l'heure.

- LH :"Merci. A toute !"
(t'as dit merci là ou je rêve ??...)




Bilan de la matinée :


Comme il est agréable de prendre un moment de détente entre amies, de parcourir des chemins forestiers de se revitaliser aux effluves champêtres. ....Ma "petite reine", je ne te dirai que trois mots : Vive la République !





mercredi 3 août 2011

Chant d'espoir...



J’ai vu périr Sirius dans une aube de sang 
Oh ! Mon âme angoissée tu frémis en pensant
A l’étoile qui meurt au sein du firmament.
Espères-tu, mon cœur échapper aux tourments ?

L’espoir est un Phénix à l’essor matinal 
De tous ceux qui partagent quelque bel idéal
Il préserve leur foi, les console au passage
Espère encore mon cœur, si ça te rend plus sage. 

J’ai vu brûler mes jours aux feux des crépuscules
S’écarteler mes nuits en songes ridicules
Quand le temps qui s’enfuit me nourrit de remords 
Espères-tu mon cœur échapper à la mort ?





L’espoir est arc-en-ciel au-dessus de nos têtes
Pour ceux qui ont vécu au milieu des tempêtes
Il est retour au havre, il est l’entrée du port
Espère encore mon cœur, tu deviendras plus fort. 

J’ai vu tarir l’eau vive aux portes du désert
Quand s’éteignent en pleurs des pays de misère
Quand la vie s’engloutit dans le sable des dunes
Espères-tu mon cœur échapper aux rancunes ?

L’espoir est ambroisie, il est philtre magique 
Il enivre l’esprit au dessein pathétique 
Tu sauveras ton frère d’ici ou bien d’ailleurs
Espère encore mon cœur ça te rendra meilleur.




J’ai vu tous les ravages de notre pollution
La nature meurtrie par ces dégradations
L’océan rendu glauque par de l’algue à foison
Espères-tu mon cœur échapper aux poisons ?

L’espoir est un enfant qui sourit à la vie
Il s’émeut d’une fleur, un oiseau le ravit
C’est le grain que l’on sème c’est l’arbre qui grandit
Espère encore mon cœur, pour croire au paradis.

J’ai vu dans ma cité resurgir le racisme
Et la xénophobie qui mène à l’ostracisme
De celui qui s’aveugle et souvent se déchaîne
Espères-tu mon cœur échapper à la haine ?




L’espoir est devant nous, une terre promise
Terre où la tolérance est vertu des églises 
Terre de liberté semée d’amour en grain
Espère encore mon cœur, pour demeurer serein.

J’ai vu tant d’innocents tomber pour des chimères
Tant d’enfants achevés dans les bras de leur mère
Tant de vies écourtées sous les coups, la mitraille
Espères-tu mon cœur échapper aux batailles ?

L’espoir est dans la Paix et l’Amour Fraternel
Le respect de la vie, vrai trésor naturel 
Il est resplendissant, il est tout feu tout flamme
Espère encore mon cœur, pour préserver mon âme.






jeudi 28 juillet 2011

Les difficiles compagnonages ...


Tu me bâtissais des rêves en cathédrales.
Je m'y enfonçais jusqu'au chœur...
Je buvais en fidèle ton calice de mots.
Je t’encensais avec l'aveuglement d'une bigote .
Par mes oniriques gargouilles j'évacuais ce qu'il me restait de raison.
Je te suivis jusqu'à la porte des enfers,
là où les vitraux sont brisés.
La réalité n'y brillait plus comme au travers d'une rosace multicolore.
Suis restée longtemps dans le noir,
Des chimères aux yeux...
Avant de comprendre que tu n'étais pas mon Dieu.




jeudi 21 juillet 2011

La femme devant le miroir...




La saison n'est déjà plus aux petites robes évasées et jupons longs froissés.

Ce matin, j'attrape d'une main ferme ce petit pantalon. J'enfile une manche puis l'autre et le remonte sans plus d'hésitation.

Enfin, jusqu'à  mi cuisse, niveau auquel je suis forcée d'admettre que ma morphologie se refuse à le laisser aller plus avant.

Me baisse en avant pour apercevoir l’étiquette, une idée lumineuse vient de me traverser l'esprit. J'ai, c'est certain, saisi un pantalon taille 8 ans appartenant à ma fille ou un slim oublié là, par ma filiforme sœur... 

Consternation, c'est bien dans ma taille supposée que je me retrouve "ensaucissonnée" !

Ce Strauss se refuse aujourd'hui à contenir en sa toile,  mes parties charnues : communément nommées cheval et bouée.

Ne me reste plus qu'à débarrasser la femme de ce garrot en jeans ...



Avant la diète de demain

Je m'interroge ce matin

Je finis par positiver mon lard

En le faisant Art

En sous vêtements devant le miroir

Suis-je un  Botero ou encore un Renoir ?








mardi 12 juillet 2011

Grimper ...





Et j'ai pris ce chemin sinueux
Qui m'éloignait de la terre
Et j'ai cru un instant
Trouver un nouveau ciel
La sérénité de mes pairs
La gloire et en être fière
Dans la difficile montée
Petit à petit je me délestais
Abandonnant mes souvenirs
Laissant mon âme s'assombrir
En atteignant le sommet
Le brouillard m'entourait
Sous mes pieds des roches acérées
Plus de délices à partager
Froides nuitées et cœur esseulé
J'avais juste grimpé
Et de moi rien emporté
Sans avenir alors
Il a fallu chemin rebrousser
Le bon trajet pour s'élever
fait voyager l'être en entier
avec pour bagages présent et passé...



vendredi 1 juillet 2011

Un tour dans le mien ...


J'en repère un, et m'affaire jusqu'à le posséder. Puis je l'emmène partout et me sens femme avec lui à mes côtés...
En passionnée, j'ai vite tendance à lui donner tout ce que j'ai. L'élu se voit confier ma correspondance, mes carnets de mots griffonnés, mes cartes de crédit. Je lui abandonne mes lunettes, le laisse me cacher mes briquets, supporte sans sourciller qu'il corne mes livres. Et lui donne même, dès le premier jour, la clé de mon appartement...!
En dominatrice, je le laisse à mes pieds, ou m'attendre des heures sur un bout de chaise...
Nous marchons, lui, appuyé sur mon épaule ou collé dans le creux de ma main, ainsi uni nous faisons notre bout de chemin...
Je l'aime, oui,  je l'aime toujours au moins quelques temps...
Mais je finis immanquablement par le trouver, lourd, pas assez grand,  triste, trop guindé ou plus assez séduisant...
Plus ou moins rapidement, je me surprends à en regarder d'autres. A convoiter celui aux bras d'une plus jeune, d'une plus élégante...
En impudique je les dévore des yeux avec envie.
Inéluctablement, je cède à mes désirs et me conduis en impulsive infidèle.
Je le quitte et l'oublie...
Je l'abandonne parfois à une amie, qui, heureuse, le videra de ses dernières forces.
Je le remplace par de plus jeunes, plus vigoureux, plus beaux. ..
Je rentre,  ma nouvelle conquête au bras, et le mets à nu devant mes sœurs de la futilité.
J'étale et expose la douceur et la couleur de leurs peaux, aux mains et aux yeux envieux d'autres frivoles...
Je l'aimerai et en prendrai soin quelques temps. Je le nourrirai de toutes ses choses qui font ma vie jusqu'à ce qu'il n'y tienne plus, ou que je n'en veuille plus...
Alors, sans remord, je passerai à un autre...

Et vous ?
Comment avec vos sacs vous comportez vous ?...

jeudi 30 juin 2011

L'échec ...










Il reste deux pions sur l'échiquier
Deux pions à positionner
La reine n'est plus couleur de mariée
Elle s'est enfuie au bras d'un cavalier.
Le roi,  tête en noir dans le flou,
Triste à en devenir fou
Dans sa tour s'est muré.

Mat. Il sait la partie terminée.




samedi 25 juin 2011

La haine est un poison, il souriait ...




Il sourit, il lâche même un petit rire de temps à autre...

J'ai l'impression que sa main droite est brisée. Il ne semble pas en souffrir. Je crois qu'il est ailleurs, dans un quelque part loin de nous ...

Le médecin l'examine. La  jeune 'doc' des pompiers de Paris immobilise sa main. Elle est bien cassée...

Doc le regarde, je sens qu'elle a envie de le prendre dans ses bras, de lui murmurer quelques mots avant de se mettre à compter ...
Elle a les yeux plein de larmes, lui il continue de sourire aux anges, nu dans ce vieux slip crasseux...

Elle ferme les yeux, prend le temps d'une profonde respiration puis elle commence.
Elle compte ; elle compte des brulures de cigarettes, des marques de fourchettes, des hématomes, des cicatrices, des plaies, des déformations osseuses, des morsures,  des dents manquantes ...

Elle recense des années de sévices, de tortures, de détresse, de silence, d’indifférence ...

Ce jeune corps est une encyclopédie de la cruauté humaine.  C'est étonnant ce que l'on peut infliger, supporter, souffrir en seulement douze années ; douze trop longues années... 

Il ne répond a aucune des questions que les gendarmes ou le médecin lui posent, il sourit...

Il sourit, les yeux levés vers le ciel...

Au passage du sac mortuaire, il a laissé s’échapper une phrase. Je crois bien qu'il s'adressait à Dieu...

" T'as vu ça ?,
j't'avais bien dit qu'un jour j'serai assez fort
pour arrêter d'attendre et d'espérer!..."



...  et puis

Il est retourné dans les tourments de sa mer intérieure. Dans son océan de haine, de colère, de douleur, de détresse et de désespoir ...

 Et s'est remis à sourire...








mardi 21 juin 2011

Aux couleurs de l'Amour...





Quand il est là, je me sens guimauve.

Il est beau comme une étoile.

Il passe me chercher pour aller au lycée, je l'attends chaque matin avec la même impatience depuis des mois...Je passe et repasse vingt fois devant le miroir, il n'arrive jamais assez tôt à mon goût. Il n'a pas le temps de frapper à la porte que je suis déjà accrochée à son premier baiser. Mon coeur se prend pour une contrebasse dans mon oreille et mes jambes tremblotent...


Elle me dit, que c'est pas de l'Amour...


On se dispute, pour de la littérature, il ne comprend pas quand j'affirme détester Zola ;  me dit que les classiques c'est notre héritage de mots, qu'on doit les lire et les porter... Il m'agace quand il s'y met !
Et puis, parfois, je fais semblant de ne pas comprendre, de ne plus savoir comment calculer telle ou telle matrice. J'ai toujours été excellente en algébre... Mais c'est tellement bien de le sentir se coller contre mon dos, il passe sa tête par dessus mon épaule, et calmement il me dit comment m'y prendre... Le souffle de sa respiration caresse mon cou, tombe dans mon décolleté, et j'ai envie que ça ne s'arrête jamais...


Elle me dit, que c'est pas ça l'Amour...


On sort, il me traine dans des salles obscures voir de vieux films en VO, et là, j'attends qu'il dépose sa main sur ma cuisse. Il la pose tendrement tout en fixant studieusement l'écran, moi, je resserre mes jambes sur lui, pour emprisonner cette main et qu'elle ne parte jamais. Je mets ma tête sur son épaule, et s'arrête le temps... 


Elle me dit, que je fais ça juste pour l'emmerder...


Il me fait rire comme personne. Avec lui j'ai l'impression d'être unique, belle, comprise. Il me regarde, et en un regard me transforme en soleil. J'ai plus besoin de rien, j'ai plus faim, j'ai plus soif, j'ai plus peur, je suis juste bien. On fait l'amour aussi, aussi souvent qu'on peut. J'aime son odeur, j'aime me sentir fragile et j'aime sa force...


Elle me dit, que je la dégoute...


Je veux toujours le voir heureux. J'ai envie de me lever à côté de lui encore, lorsque je serai bien vieille. J'ai envie de lui faire des enfants, quant on aura fini nos études, quand on aura vu les chutes Victoria, et visité Pétra... J'ai juste envie que toute ma vie il soit là... Parce que nous on sait, que c'est bien ça l'Amour.


Et encore, et encore, et encore
elle me demande,  si je me rends compte
qu'il a la peau noire !...










samedi 18 juin 2011

Dans ta robe rouge ...

Photo par Philippe



Toi seule
Fais
 Rougir
Les blés
A l'heure de la rosée
Dans ta robe de printemps
Délicatement
Chiffonnée.
Et...
L'ardeur fragile 
De ta féminité
Au revers épinglée
Se rappelle
En vermillon
Les tranchées

Où des hommes tremblaient.
 


 


Merci à Philippe, pour cette délicate collaboration. C'est un vrai cadeau que de me laisser planter ce coquelicot dans un autre jardin que le sien...







mercredi 15 juin 2011

Et si l'on revait ...


Elle avait des rêves pour nous.


Elle rêvait pour moi.


Elle nous désirait sur des chemins de terre, elle aurait pédalé plus vite encore pour me faire respirer les senteurs fleuries des campagnes. Pour accrocher le vent dans mes couettes.

Je trônais à l'arrière,  je l'écoutais s'essouffler d'efforts et de mots d'amour, de promesses verdoyantes et de chants d'oiseaux...

Elle m'emmenait sans relâche, sans faiblir, dans les dédales enchanteurs de ses rêves, où j'oubliais le béton et les automobiles.  En rêve, j'arpentais les couloirs de la grande maison aux volets verts, elle me servait des sirops de grenadine sur des terrasses ombragées.
Par elle, je me baignais dans des rivières limpides, elle me construisait des radeaux de feuilles emportés par l'eau vive. Je courrais pieds nus dans les hautes herbes, je sautais sur des taupinières. Je découvrais des noms d'arbres inconnus, dont je ne pouvais faire le tour avec mes bras. Elle m'imaginait des déjeuners sur l'herbe en compagnie de fourmis voleuses et d'abeilles butineuses. Elle accrochait à mes yeux des papillons multicolores. Le soir mes paupières  se fermaient lourdes d'étoiles filantes qu'elle volait pour moi à la nuit...

Elle m'a appris à rêver, puis, elle a commencé à pédaler un peu moins vite, à rêver moins loin.

Elle me disait qu'il fallait faire vivre mes rêves comme elle l'avait fait pour le sien, et parfois se résoudre à les laisser s'envoler.

Un jour, au petit matin elle a fermé les yeux, ouvert délicatement sa main, et lâché la mienne.

J'ai alors compris que j'avais été son rêve à elle.








lundi 13 juin 2011

Bonne nuit ...

Photo par Joshua Hoffline

L'oreille à la porte, j'attendais d'être certaine que tout dormît.

Vos souffles roulaient hors de vos gorges, le chat rêvait, le balancier de la comtoise semblait danser sur la pointe des pieds, l'ombre s'étirait sur mes objets familiers.

Mon coeur se serrait.

C'est alors qu'en une enjambée je me retrouvais cachée dans les profondeurs duveteuses de ma couche, livrée en pâture aux vagabondages de mon esprits. 

C'était l'heure où commençait le ballet terrifiant des bruissements inconnus.
L'escalier craquait sous le poids de la nuit, des monstres grinçaient à mon sommier, des hordes d'araignées en furie cherchaient à dévorer, le vent frappait à mes volets pour m'emporter, les hiboux riaient à l'idée de mes yeux, par leurs becs, cavés...

Je sanglotais d'effroi en silence, je mordais mon oreiller afin de ne pas attirer l'attention de la bande des usurpateurs de rêves.

Aux premières lueurs du jour, le combat prenait fin.

L'aube, assassinait pour moi  en un jet de lumière les ombres nocturnes.
Puis, elle me nourrissait de songes en fleur et de chants d'oiseaux enchanteurs.












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