jeudi 30 juin 2011

L'échec ...










Il reste deux pions sur l'échiquier
Deux pions à positionner
La reine n'est plus couleur de mariée
Elle s'est enfuie au bras d'un cavalier.
Le roi,  tête en noir dans le flou,
Triste à en devenir fou
Dans sa tour s'est muré.

Mat. Il sait la partie terminée.




samedi 25 juin 2011

La haine est un poison, il souriait ...




Il sourit, il lâche même un petit rire de temps à autre...

J'ai l'impression que sa main droite est brisée. Il ne semble pas en souffrir. Je crois qu'il est ailleurs, dans un quelque part loin de nous ...

Le médecin l'examine. La  jeune 'doc' des pompiers de Paris immobilise sa main. Elle est bien cassée...

Doc le regarde, je sens qu'elle a envie de le prendre dans ses bras, de lui murmurer quelques mots avant de se mettre à compter ...
Elle a les yeux plein de larmes, lui il continue de sourire aux anges, nu dans ce vieux slip crasseux...

Elle ferme les yeux, prend le temps d'une profonde respiration puis elle commence.
Elle compte ; elle compte des brulures de cigarettes, des marques de fourchettes, des hématomes, des cicatrices, des plaies, des déformations osseuses, des morsures,  des dents manquantes ...

Elle recense des années de sévices, de tortures, de détresse, de silence, d’indifférence ...

Ce jeune corps est une encyclopédie de la cruauté humaine.  C'est étonnant ce que l'on peut infliger, supporter, souffrir en seulement douze années ; douze trop longues années... 

Il ne répond a aucune des questions que les gendarmes ou le médecin lui posent, il sourit...

Il sourit, les yeux levés vers le ciel...

Au passage du sac mortuaire, il a laissé s’échapper une phrase. Je crois bien qu'il s'adressait à Dieu...

" T'as vu ça ?,
j't'avais bien dit qu'un jour j'serai assez fort
pour arrêter d'attendre et d'espérer!..."



...  et puis

Il est retourné dans les tourments de sa mer intérieure. Dans son océan de haine, de colère, de douleur, de détresse et de désespoir ...

 Et s'est remis à sourire...








mardi 21 juin 2011

Aux couleurs de l'Amour...





Quand il est là, je me sens guimauve.

Il est beau comme une étoile.

Il passe me chercher pour aller au lycée, je l'attends chaque matin avec la même impatience depuis des mois...Je passe et repasse vingt fois devant le miroir, il n'arrive jamais assez tôt à mon goût. Il n'a pas le temps de frapper à la porte que je suis déjà accrochée à son premier baiser. Mon coeur se prend pour une contrebasse dans mon oreille et mes jambes tremblotent...


Elle me dit, que c'est pas de l'Amour...


On se dispute, pour de la littérature, il ne comprend pas quand j'affirme détester Zola ;  me dit que les classiques c'est notre héritage de mots, qu'on doit les lire et les porter... Il m'agace quand il s'y met !
Et puis, parfois, je fais semblant de ne pas comprendre, de ne plus savoir comment calculer telle ou telle matrice. J'ai toujours été excellente en algébre... Mais c'est tellement bien de le sentir se coller contre mon dos, il passe sa tête par dessus mon épaule, et calmement il me dit comment m'y prendre... Le souffle de sa respiration caresse mon cou, tombe dans mon décolleté, et j'ai envie que ça ne s'arrête jamais...


Elle me dit, que c'est pas ça l'Amour...


On sort, il me traine dans des salles obscures voir de vieux films en VO, et là, j'attends qu'il dépose sa main sur ma cuisse. Il la pose tendrement tout en fixant studieusement l'écran, moi, je resserre mes jambes sur lui, pour emprisonner cette main et qu'elle ne parte jamais. Je mets ma tête sur son épaule, et s'arrête le temps... 


Elle me dit, que je fais ça juste pour l'emmerder...


Il me fait rire comme personne. Avec lui j'ai l'impression d'être unique, belle, comprise. Il me regarde, et en un regard me transforme en soleil. J'ai plus besoin de rien, j'ai plus faim, j'ai plus soif, j'ai plus peur, je suis juste bien. On fait l'amour aussi, aussi souvent qu'on peut. J'aime son odeur, j'aime me sentir fragile et j'aime sa force...


Elle me dit, que je la dégoute...


Je veux toujours le voir heureux. J'ai envie de me lever à côté de lui encore, lorsque je serai bien vieille. J'ai envie de lui faire des enfants, quant on aura fini nos études, quand on aura vu les chutes Victoria, et visité Pétra... J'ai juste envie que toute ma vie il soit là... Parce que nous on sait, que c'est bien ça l'Amour.


Et encore, et encore, et encore
elle me demande,  si je me rends compte
qu'il a la peau noire !...










samedi 18 juin 2011

Dans ta robe rouge ...

Photo par Philippe



Toi seule
Fais
 Rougir
Les blés
A l'heure de la rosée
Dans ta robe de printemps
Délicatement
Chiffonnée.
Et...
L'ardeur fragile 
De ta féminité
Au revers épinglée
Se rappelle
En vermillon
Les tranchées

Où des hommes tremblaient.
 


 


Merci à Philippe, pour cette délicate collaboration. C'est un vrai cadeau que de me laisser planter ce coquelicot dans un autre jardin que le sien...







mercredi 15 juin 2011

Et si l'on revait ...


Elle avait des rêves pour nous.


Elle rêvait pour moi.


Elle nous désirait sur des chemins de terre, elle aurait pédalé plus vite encore pour me faire respirer les senteurs fleuries des campagnes. Pour accrocher le vent dans mes couettes.

Je trônais à l'arrière,  je l'écoutais s'essouffler d'efforts et de mots d'amour, de promesses verdoyantes et de chants d'oiseaux...

Elle m'emmenait sans relâche, sans faiblir, dans les dédales enchanteurs de ses rêves, où j'oubliais le béton et les automobiles.  En rêve, j'arpentais les couloirs de la grande maison aux volets verts, elle me servait des sirops de grenadine sur des terrasses ombragées.
Par elle, je me baignais dans des rivières limpides, elle me construisait des radeaux de feuilles emportés par l'eau vive. Je courrais pieds nus dans les hautes herbes, je sautais sur des taupinières. Je découvrais des noms d'arbres inconnus, dont je ne pouvais faire le tour avec mes bras. Elle m'imaginait des déjeuners sur l'herbe en compagnie de fourmis voleuses et d'abeilles butineuses. Elle accrochait à mes yeux des papillons multicolores. Le soir mes paupières  se fermaient lourdes d'étoiles filantes qu'elle volait pour moi à la nuit...

Elle m'a appris à rêver, puis, elle a commencé à pédaler un peu moins vite, à rêver moins loin.

Elle me disait qu'il fallait faire vivre mes rêves comme elle l'avait fait pour le sien, et parfois se résoudre à les laisser s'envoler.

Un jour, au petit matin elle a fermé les yeux, ouvert délicatement sa main, et lâché la mienne.

J'ai alors compris que j'avais été son rêve à elle.








lundi 13 juin 2011

Bonne nuit ...

Photo par Joshua Hoffline

L'oreille à la porte, j'attendais d'être certaine que tout dormît.

Vos souffles roulaient hors de vos gorges, le chat rêvait, le balancier de la comtoise semblait danser sur la pointe des pieds, l'ombre s'étirait sur mes objets familiers.

Mon coeur se serrait.

C'est alors qu'en une enjambée je me retrouvais cachée dans les profondeurs duveteuses de ma couche, livrée en pâture aux vagabondages de mon esprits. 

C'était l'heure où commençait le ballet terrifiant des bruissements inconnus.
L'escalier craquait sous le poids de la nuit, des monstres grinçaient à mon sommier, des hordes d'araignées en furie cherchaient à dévorer, le vent frappait à mes volets pour m'emporter, les hiboux riaient à l'idée de mes yeux, par leurs becs, cavés...

Je sanglotais d'effroi en silence, je mordais mon oreiller afin de ne pas attirer l'attention de la bande des usurpateurs de rêves.

Aux premières lueurs du jour, le combat prenait fin.

L'aube, assassinait pour moi  en un jet de lumière les ombres nocturnes.
Puis, elle me nourrissait de songes en fleur et de chants d'oiseaux enchanteurs.












vendredi 10 juin 2011

Le prof de maths ...



Il entrait dans la salle de cours du haut de sa petite quarantaine années en mâle dominant.
Il avançait au pas, tel un étalon reproducteur avec performance et pedigree clairement affichés.

Professeur de mathématiques de sont état, il avait la démarche fière et assurée. Il émanait de son être une virilité hors du commun qui mettait ses élèves en émoi. Il empestait la testostérone à plein nez, ça suintait de sa personne, ça sortait de son col de chemise par le biais de quelques poils qu'il laissait dépasser.
Il était dans tous les rêves érotiques,  le fantasme vivant des classes de premières et terminales.

Sa tête était mise à prix, il était la proie, la cible désignée, de cette horde de jeunes femmes prêtes à tout pour l'épingler à leurs tableaux de chasse.


Son auditoire masculin, encore un peu boutonneux et à la recherche d'une identité, prenait une grande claque dès que ce lion passait la porte. Pas même le plus rebelle des garçons, ne se sentait de taille à le défier ni même ouvrir un début d'hostilité. Ils lui accordaient unanimement ce pouvoir charismatique des êtres supérieurs. Ils l'enviaient et le jalousaient tous en silence, et ils s'espéraient en devenir à son image. 

Son auditoire féminin, qui ne l'écoutait pas d'ailleurs, se rêvait déjà dans quelques positions et situation bien moins mathématiques que l'aurait voulu la Trigonométrie. Leurs esprits prenaient la "tangente", ouvraient des "angles", et "dérivées" sans  "limite " vers  des "mouvements harmoniques simples", ou "circulaires uniformes". Le Pythagore en chef se retrouvait "triangulé", prisonnier de "cercles conscrits" grâce à des "plans complexes".

Elles redoublaient d'efforts et de stratagèmes pour s'approcher au plus près de ce scientifique du cycle secondaire.

Bien entendu, la chair étant faible, et la jeunesse appétissante et convaincante, il finit par se retrouver, dans cette petite chambre, où la plus douée de toutes, le déshabilla avec la fougue et de ses 18 ans.

La victorieuse le regardait, lui, debout au pied du lit, habillé comme un ver, bras ballants, un peu gauche, et hésitant,  son sourire ravageur remplacé par un petit rictus gêné.

Elle s'aperçut consternée qu'elle l'impressionnait.

C'est à cette seconde précise, qu'il perdit définitivement, sa place de grand champion et sa belle réputation...

Elle ne retint de cette après midi, que le souvenir d'une déception "exponentielle",  et une leçon : Il en va, des professeurs comme des mathématiques il ne faut jamais séparer la partie "réelle" et la partie "imaginaire" de la "fonction".






mercredi 8 juin 2011

La sérénade ...

Photo by Stéphane C.



Elle attendait ce bruit familier.
Elle était à l'affût du cliquetis des cailloux jetés sur la fenêtre et les volets.
Elle entendait de loin arriver le claquement rapide des semelles dans la venelle.
Tremblante elle espérait ce petit tintement sec sur la vitre.
Il apparaissait, ce bruissement chargé d'érotisme naissant.
Le jeune homme était là, en bas.
Il l'attendait, elle s'en délectait...
Tapie contre le mur, elle contrôlait sa respiration, se mettait en scène.
Elle déboutonnait un peu sa chemise de nuit, se passait la main dans les cheveux, prenait un air distant, à demi réveillé.
Puis, ouvrait et se penchait pour le voir.
Ils échangeaient quelques mots pudiques, des sourires adolescents.
Lui, tête en l'air l'admirait, comme on contemple une étoile.
Elle se laissait caresser des yeux puis refermait la fenêtre et se couchait la chair faible...
Lui, repartait, le pas assuré du guerrier victorieux.
Le cœur de la belle en trophée sous le bras...








lundi 6 juin 2011

Les saisons de la vie...



L'amour est la graine qui fait germer la vie.

Puis s'enchainent les saisons qui a elle te lie...

Nous sommes semis et semeurs racines emmêlées, sur une même terre cultivés.

Au printemps d'averses en giboulées tu as grandi et d'arcs-en-ciel tu t'es nourri. Des pluies de sentiments embourgeonnent ton esprit qui lentement s'épanouit et en fleur aboutit. C'est la belle saison où l'on te chérit.
Tu es de ton jardinier la précieuse orchidée, il veille et te fait prospérer.

A l'été tu as muri. Plus violents sont les orages mais ta force aussi. C'est alors que vient ton tour de récolter les fruits. C'est la saison de la vigueur où le soleil illumine l'apogée de ta vie.
Tu es un chêne, la fierté, l'œuvre achevée de ceux qui t'ont fait germer. Le protecteur robuste du lilas à tes côtés, et des rejetons qui poussent à vos pieds.

A l'automne, déjà la brume s'épaissit.  Tu te décharnes et doucement tu laisses sur toi tomber la pluie... Ton travail est accompli. Ton cœur n'est plus frileux, il a tout compris. C'est la saison où ta sève fuit, où tu deviens le sage qui regarde s'approcher la nuit.
Tu es un chèvrefeuille qui dans l'amour deux saisons lie, un chrysanthème qui se souvient, un olivier qui part en paix...

L'hiver est  là, froid... Il t'a engourdi et en un blizzard ôté la vie...
C'est la saison où tout finit...
Tu es l'humus tu es l'engrais...
Tu es...
Tu es la terre nourricière où sont enracinés mes pieds.





mercredi 1 juin 2011

La bataille du canapé n'aura pas lieu...








Ils sont affalés sur le canapé du salon.

Leurs embrassades goulues, me rappellent combien j'ai vieilli...

J'ai envie qu'ils me laissent la place. Le journal de la santé va commencer et mon hypocondrie a soif d'une nouvelle maladie...

C'est pas possible, à croire qu'il n'a pas de chambre celui là !...

Je suis trop permissive...  

Je vais devoir investir les lieux, trouver la formule qui convient le mieux. Envoyer le fils et sa nouvelle Dulcinée, expérimenter les échanges salivaires ailleurs que dans mon univers ...

Je pénètre dans la pièce.

Objectif en tête, verrouillée sur objectif : Le sofa c'est pour moi ...

Armée d'un sourire je demande en quelques mots simples et bien choisis au jeune couple de bien vouloir déserter mon territoire...
M'hasarde même à leur conseiller  un petit tour printanier...

Le verdict tombe, sans appel, j'suis "mortelle"... A vrai dire je m'en doutais, même si je l'avais un peu occulté...

Mon fils ne m'a pas loupé, et en plus il n'a pas l'intention de "bouger "...


Je suis trop tenace pour m'avouer vaincue... Germe alors une idée saugrenue...

Je me rends d'un pas décidé dans ma chambre à coucher. J'ouvre l'armoire, quelques tiroirs, enfile un vieux t-shirt noir. Je mets ma casquette de golf à l'envers, ma ceinture dorée autour du cou et retourne à mes ambitions ...

Le couple me regarde ahuri, j'avance courbée en me dandinant les bras élastiques en avant...



Yo Fis tOn
Dégage du sa LOn
Ta mère veut mAter son émI ssION
Prends ta meuf sous le br As
Et casse tOI de là
Ta mère est dans la place yo...


La bataille ne fit pas rage...

Étrangement, il n'a pas attendu la fin de ma comptine, j'aurais certainement pu lui faire une ou deux autres rimes...

Il s'est levé d'un bond m’abandonnant, salon, canapé, télévision et même quelques provisions...

Je suis mortelle, il est vrai. 
Mais je venais de leur offrir une balade en plein air pour rêver d'éternité et leur premier souvenir complice pour la postérité ...





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