lundi 30 mai 2011

"En sortant de l'école nous avons rencontré"...

Je te déposais ce matin là, et je l'ai vu.
Elle, elle et sa douleur.
Elle, désemparée dans un monde qui n'en voulait plus.
Elle, digne et aimante.
Elle, souriante et sans espoir
Ça me crevait les yeux.
Elle semblait tout porter à bout de bras, comme tenue par un fil sur le point de lâcher.
Elle débordait d'amour pour cet enfant, bien coiffé, bien propre, dans ce pantalon bien trop petit, dans ce pull bien trop usé. Je baissais les yeux et apercevais des chaussures éculées qui laissaient dépasser un bout d'orteil de 5 années ...

Elle le conduisait à l'école, ils venaient de traverser Paris depuis le foyer où ils avaient dormi la veille, pour aller à l'école...

Je l'ai entendu lui dire de bien travailler, de bien écouter sa maitresse, de bien profiter de son repas de midi et de ne pas oublier de reprendre du pain pour le soir.
Il a dit : "oui Maman"
Elle a dit : "à plus tard,  je serai là à 4h mon amour ..."

Moi, j'ai peur et j'avoue ne pas savoir :
combien de temps encore elle tiendra debout,
combien de temps encore elle sera au rendez vous ...
















samedi 28 mai 2011

Allez reviens..!



Reviens t'assoir Anna
Ta place est vide
tes fleurs ont besoin d'eau
J'aime pas ces volets clos
Reviens te plaindre Anna
je les écouterai tes vieux os
Je t'aiderai à fermer ton manteau
Reviens attendre Anna
le chat cherche tes jambes
J'ai acheté tes petits gâteaux
Reviens Anna
Je relirai Prévert pour toi
et j'articulerai cette fois
Reviens
Et même si c'est le bout
du chemin
Tu ne sers pas à rien !













Anna le retour

jeudi 26 mai 2011

La tectonique des vies où dérivent les sentiments ...




M'éveillant un beau matin aux côtés d'un volcan éteint, ronflant, sans activité, je m'interrogeais sur l'absence de secousses sismiques dans ma chambre et remontais mentalement à la Pangée de nos sentiments.

C'était la période où nous ne formions qu'un bloc soudé dérivant ensemble sans failles intérieures, sous nos manteaux bouillonnaient nos sangs de lave, nous débordions d'activités, sans cesse en mouvement.

Mais les saisons se succédaient fissurant la croûte de nos vies au fil de nos évolutions à grands coups de révolutions.

Nous nous heurtions, entrions en collisions et inéluctablement dérivions.

Nous façonnions, de ci de là,  entre nous, de petites collines d'indifférence, des vallées de solitude et des flaques de larmes. Elles nous séparaient doucement  jusqu'à devenir de gigantesques montagnes de froideur, des canyons d'isolement, et des océans de chagrins salés.

Nous commencions peu à peu à connaître une période glaciaire et n'échappions pas à  l'Eros érosion aux changements d'atmosphère...

Et l'amour volcanique devint de glace.

Dans cette dérive des sentiments nous bâtissions chacun de nouveaux mondes, distants, de nouveaux environnements, usant nos dernières ressources pour rapprocher une fois encore les pôles opposés.

Mais nous n'étions juste pas fait pour le développement durable(...)









mardi 24 mai 2011

l'Eveil...

Il lui fallait
retrouver
 les terres
prospères.
Verdoyantes
promesses
  de l'esprit,
Poursuivre
ce mirage
sans faiblir
suivre la flèche, croire et espérer 
  nuit et jour jouer
à saute rêves
et enfin
donner
sens
à
la
v
i
e
la
croire
encore
un peu
pour qu'enfin
le jour nouveau
déploie sur tout son tas de neige
Blancheur
des paradis
enfantins
qu'elle crut
à jamais
évanouie.

La froidure
venait de
geler son
ennui.





Époustouflant hiver, qui ranime en endeuillant de blanc son automnal frère
Qui accroche à la brune chevelure des étoiles de glace, des cristaux éphémères
Elle emmitoufle ses mains et les baisers que vous aviez à son cou déposés   
elle sourit en sortant de son trou, décoche sa plume et revient à vous ...










Une semaine sur deux...



Elle s'est approchée de moi doucement
Elle se tortillait, hésitante
Je lui ai demandé si elle avait quelque chose à me dire
Elle a penché la tête sur le côté et m'a dit :

"J'ai de la peine maman"

Je lui ai fait signe de s'approcher
ai ouvert tout grand mes bras
puis l'ai serrée très fort contre moi
Alors qu'elle avait sa joue sur mon coeur
je lui ai proposé de m'en parler

Elle a dit :

" Parfois les grands
ça oublie de se parler
puis ça oublie de s'aimer
et ça fini par se quitter
Et moi...
Et moi, je suis toujours ici et là-bas
Mon amour sur les bras
Une semaine pour toi
une semaine pour papa
Et moi...
Et moi, j'ai peur
la semaine où je ne suis pas là
qu'on oublie de m'aimer
et qu'on finisse par me quitter. "...









dimanche 22 mai 2011

Les esquimaux en été...




Je me libérais des draps roses parfumées de lavande, je rejoignais par le couloir aux volets clos la petite cuisine familiale. Je m'attablais en silence, la paupière encore gonflée de cette sieste estivale, la nuque humidifiée à la chaleur de mon oreiller et la joue creusée de plis.

J'attendais silencieuse et immobile ma récompense.

Mon trophée glacé, mon esquimau si convoité...

Savoureuse compensation pour ma collaboration à m'éteindre deux heures durant chaque après midi, sans opposer la moindre résistance, sans un souffle de mécontentement, sans le moindre signe d'agacement.

Je lui offrais en échange, du bâtonné croquant, ce moment de liberté.
Deux petites heures où elle se libérait de mes demandes enfantines, de mes exigences puériles, deux heures où elle dégageait ses jupons de la dépendante présence de mes quatre ans. 

Je ne savais pas ce qu'elle faisait de ce temps, tantôt je l'entendais rire, tantôt chuchoter, souvent fermer la porte d'entrée, et me laisser à la surveillance de Morphée.

J'apprivoisais à ma façon le soleil et le temps.
Je m'allongeais lorsque les persiennes laissaient la lumière frapper le marbre de mon chevet. J'attendais que glisse l'aiguille lumineuse, il était enfin l'heure dès que la clé de l'armoire brillait.

Guidée par ma seule gourmandise, je reprenais ma vie mise deux heures en suspens, et la recommençais chaque jour à cet instant là : Elle avait un gout... chocolat !








vendredi 20 mai 2011

Marée...

Photo by Lee Miller




Il y a longtemps
C'était un lieu joyeux
La vie y résonnait
Ça  chantait
Ça riait
Ça crissait
Ça vibrait
On y respirait l'iode
On y bâtissait des châteaux
On s'y enlaçait bercés par les vagues
On se couchait dans l'écume qui emportait le jour
Les soirs de tempêtes
On s'y déchirait à grand coup de mots en lames
On y pleurait des océans
Puis avec la puissance d'une houle déchainée
On s'y réconciliait encore
On usait nos peaux à s'y aimer sur du sable émeri
On s'y dessalait de nos baisers
Puis sont venues les grandes marées
Et...
L'amour avec la mer s'est retiré.




mercredi 18 mai 2011

Dans tes pas...






Je voulais marcher au bord de l'eau,
sentir mes pieds s'enfoncer dans le sable.
Je t'ai demandé de venir,
tu es passé devant.
Tu n'aimes pas perdre ton temps.
Tu faisais de grandes enjambées,
pressé de rentrer.
Joueuse, je glissais mes pieds dans chacune
des empruntes que tu laissais.
Dans tes pas je m'effaçais.
Je remplissais mes poches
de coquillages, ma pellicule d'images,
mon cœur de mirages.
Sans te retourner,  tu avançais.
Jamais en arrière tu n'as regardé.
J'étais pourtant là,
dans ton ombre à t'aimer.









J'ai offert ces mots à Laurent qui sait les aimer bien mieux que je ne le fais. 

lundi 16 mai 2011

Croqueuse...



Tu ne sais pas encore
Mais
Sous cette délicieuse robe rouge
Elle s'est ornée
De dentelles de seins
Et de bas de reins
De ses soies de jambes
Elle attend tes mains
Tu n'as pas encore compris
Elle a hâte que le repas soit fini
Elle plaidera coupable de ta petite mort
Elle a tout prémédité
D'ici peu elle t'aura croqué
Fait de toi qu'une bouchée





samedi 14 mai 2011

Ca roule ...


Je me souviens des phares dans la nuit, et rien, plus rien.

Je sais juste qu'à partir de ce moment là tout a changé. Oui, tout a changé, moi et vous...

En y pensant bien, surtout vous ... Oui, surtout vous.

Moi, j'ai juste arrêté de marcher, de courir de danser, mais j'ai continué de rêver, j'ai tout fait pour exister, encore ...

Mais, vous avez arrêté de me regarder dans les yeux, de m'engueuler, de me désirer, de m'interroger sur mon métier.

Vous ne saviez plus de quoi me parler, je ne comprenais plus vos regards...

Je vous trouve toujours si polis... Si convenables, lorsque je suis en face de vous.

Je suis devenu celui qui vous renvoie à votre chance et à votre bonheur d'être entier...

C'est étrange, mais elles me manquent vos grossièretés...






jeudi 12 mai 2011

Vous vouliez des oiseaux...





Vous vouliez un texte léger,
Facile à digérer,
Un texte que l'on pourrait voir voler
Pour peu qu'il soit ailé...
Vous me réclamiez des oiseaux
Des ruisseaux
Et des arbrisseaux...
Ai posé mon aile de papillon
Sur ce petit bout de brouillon
La musique y est entrée
Fuyant les réalités
Un souffle alizé
Les mots filaient
De tous côtés
Impossibles à rattraper
Forcée de constater
que ce n'était point là mon sujet
Ne me restait plus
qu'à vous souhaiter
une nuit étoilée
afin que vous trouviez 
vos propres mots pour rêver.















vendredi 6 mai 2011

Déserter bancs de Brassens...





Écaillé, usé, sec et poussiéreux, tel est devenu l'amour.
Ce sentiment ciment, parfois, ne résiste pas au temps.
Pas autant qu'on l'aurait cru...
Se fissure, se craquelle ouvrant une brèche où l'autre glisse doucement vers cet être inconnu.
Que c'est douloureux quant on aime plus !
On regarde l'autre, on ne trouve et ne reconnait rien.
Les corps ont oublié de frémir,
Les mots de crisser, les cœurs de s'emballer,
Reste le silence pour tout exprimer,
Pour toute communauté...




La rédaction ...



Vendredi, c'était le jour de la rédaction.

Je détestais ça.

Au moins le mardi je rentrais avec ma bulle en dictée, mais j'avais fait quelque chose, trop de fautes certes... Mais c'était déjà quelque chose.

Madame Poireau, elle avait toujours de ces idées pour les rédactions !

Comment j'allais m'en sortir cette fois-ci ?

Je fixais ma feuille de cahier jusqu'à ce que les lignes vides s'emmêlent, s'entrechoquent et se troublent. Je mâchouillais mon crayon de bois à l'en décaper, à en avoir les lèvres constellées d'éclats de vernis verts.

Comment pourrais-je commencer un devoir sur : « Votre père et vous. » ?

Elle le faisait vraiment exprès cette vieille chouette à lunettes !

Je pouvais en écrire des tas de choses sur plein de sujets, j'en avais des tonnes de bonnes histoires !

Pourquoi elle ne demandait jamais rien sur les animaux ?
Du style : « Vous et votre animal... »

J'aurais pu parler de poissons, de mes  Jojo successifs, les stupides globuleux rouges, qui tournaient en rond toute la journée. Jojo n°1 l'infatigable nageur, qui ondulait crânement sa nageoire en tsar du bocal alors qu'il trainait de longues heures durant sa saucisse de crottes grises aux fesses avant d'arriver à s'en détacher.
Je pouvais raconter comment Jojo n°3 avait gonflé comme une baudruche à en avoir les écailles en piquants, une vraie râpe à fromage pedigree goldfish !

J'en connaissais, moi, du sensationnel, du merveilleux...J'en aurais trouvé des jolis mots pour faire durer le suspense... Si au moins, on m'avait demandé de rédiger sur mes Jojo !

Ou alors un sujet sur « Vous et votre oncle. », ça, au moins j’en avais un !
Tonton Greg c'était le meilleur des meilleurs. Il me racontait des histoires de grenouilles qui pouvaient fumer à s'en faire éclater. Des histoires de suppositoires qu'il me suffisait de rouler dans de la poussière de craies, et déposés incognito prés du tableau noir pour qu'immanquablement le prof se mette à écrire avec...
Enfin, tout un panel de fabuleuses histoires à mettre dans une rédac...!

Là, je devais me mettre à inventer ...

J'allais encore passer pour l'idiot qui en faisait trop. Mais je préférais ça.

Il valait mieux être un idiot, qu'un handicapé amputé du père(...)





mercredi 4 mai 2011

En bas de l'escalier...

Photo de Pastelle


Elle l'entend à peine respirer
Il est là, tout ébouriffé
En bas de l'escalier
De par ses pas trop usé
Il  t'attend encore,
Regardera jusqu'à l'aurore...

Elle l'entend à peine pleurer
Il est là, tout accoutré
De ta chemise usée
Habillé d'amour délaissé
Il t'attend encore,
En larmes qui perforent...

Elle n'ose s'approcher
Il est là, à la fenêtre collé
Le bout du nez gelé
Sur une vitre embuée
Il t'attend encore,
Et l'espoir se décolore...

Elle le regarde, et ce chagrin la dévore
Elle le voudrait sien pour qu'il s'évapore
Elle va descendre le chercher
Cajoler, réconforter, et d'amour redoubler ...



Merci à toi,  Pastelle de laisser tes lumières de l'ombre embellir mes mots, leurs souffler des idées, leurs donner de la couleur puis les laisser s'envoler ...

lundi 2 mai 2011

Viens un peu là que je te raconte ...


La Louise tu te souviens d'elle ?

Et bien elle est morte... pas plus tard qu'hier, comme ça, d'un coup !

La peu chère d'elle,  et dire que je n'ai jamais cru qu'elle était malade ...

Du coup, je vais aller à son enterrement, c'est jeudi.
On avait rien de prévu.
Ca va me faire sortir un peu. Il fait beau je vais prendre l'air et avec un peu de chance la Simone sera là.
Je rigole bien avec Simone. La dernière fois c'était pour les funérailles d'Yvon, en juin. Si tu nous avais vu ! Ha, la, la... Ma foi, on a bien ri !
En plus, ils ont pas été radins les enfants d'Yvon, ils nous ont payé le coup après la cérémonie. Faut dire qu'on avait du mérite. Y être allés sous un cagnard pareil !...
Je me sentais toute déshydratée à la fin. Je me suis même dit que si ça continuait comme ça, le curé allait faire des heures sup !...
Ben tu vois, on a tous tenu le coup ! Comme quoi c'était pas pour cette fois ...

T'as vu, les petits sont pas venus dimanche.
Je te l'avais dit !
Ils ont pourtant une nouvelle auto maintenant.
Ils ont dit qu'ils avaient pas le temps... Ah, les jeunes, ils sont toujours occupés, mais quand même, c'est un peu dommage, je languis de les voir...

Allez viens ma belle, j'ai partagé ma tranche de jambon, on va se régaler !

Heureusement que t'es là toi, on se comprend toutes les deux !
On s'aime, hein ?...
Ho, mais oui on s'aime,  on se comprend...

T'es un bon chien  !




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